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Roméo et Juliette

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  • čas přidán 26. 06. 2023
  • [Opéra] Seigneur, Seigneur, Pardonnez-lui !
    Depuis plus de 500 ans, Juliette sait que Roméo meurt à la fin du conte italien et de la tragédie d'un jeune auteur anglais. Depuis tout petit ou presque je le sais aussi. Comme je sais qu'un Roméo et Juliette réussi - à mes yeux - est un drame où je pleure à la fin.
    27 ans après sa dernière apparition dans la Grande Boutique, l'Opéra de Paris fête Gounod et le seul grand succès qu'il aie connu de son vivant, avec les moyens. Un plateau et un chef ☆☆☆☆, un orchestre et des choeurs engagés et un maître de cérémonie... o-lym-pi-que !
    L'agitation sur scène, le décor en révolution constante, le public sous les lasers, pas de doute : Paris 2024 a fait le bon choix pour ouvrir et fermer ses Jeux. Et l'opéra aussi pour un spectacle à la fois nocturne, dynamique et grandiose. On ne s'ennuie pas un instant et voit combien la fête est un leurre quand la peste, la guerre et le confinement ferment nos portes et nos coeurs. La flamme des amants de Vérone inspire aussi à Thomas Jolly des scènes plus intimes au charme lumineux et pénétrant, comme le rêve de Mab, la barque des noces, le caveau final.
    Les chanteurs portent et vivent leurs rôles, du Stephano lucide et insolent de Lea Desandre aux Duc et Frère Laurent parfaits de Jérôme Boutillier et Jean Teitgen, fiers et droits dans leurs notes. Laurent Naouri (Capulet), Sylvie Brunet-Grupposo (Gertrude), etc. : tous les rôles qu'on dit seconds servent une mise en scène qui les expose comme jamais, faisant son succès et notre plaisir.
    Alors pourquoi, pourquoi n'ai-je pas pleuré à la fin ? Et pourquoi Thomas Jolly - je ne vois pas qui d'autre - a-t-il coupé l'ultime ligne du duo amoureux et mourant, suicidé : "Seigneur, Seigneur, pardonnez-nous ?" Sans cette dernière confession chantée, implorée à deux, comment imaginer que les amants puissent se retrouver ? D'habitude, je ne pleure pas leur mort, je pleure leur union pour toujours dans un monde meilleur. Je pleure de bonheur ayant compris - depuis tout petit ou presque - que ce monde-ci n'est pas fait pour eux. Elsa Dreisig le sait et sa révolte de femme est de prendre son destin - et Roméo - en main. Elle a tout du rôle et y excelle, à chaque instant. Il en va autrement du Roméo de Bernheim-Jolly. Il a tous les aigus du rôle - il chante souvent au-dessus de la soprano - un joli miel dans le timbre - qui (se) fond derrière celui d'Elsa - et ouvre ses tripes quand il s'agit de venger Mercutio. Pourquoi ne le fait-il pas pour l'amour de Juliette ? Pourquoi ne pas ouvrir son coeur avec plus d'ardeur ? On rêve de la générosité d'un Pene Pati, de la vaillance d'un Alagna, pour remonter plus loin et ouvrir la porte de l'opéra voisin, le Comique. Roméo et Juliette ne sont pas qu'un couple de tourtereaux.elles.
    Il reste que le spectacle fonctionne, que la langue française et les notes coulent, que le décor et les costumes nous emportent, et que la salle, captivée, heureuse et enthousiaste aux saluts mais aussi avant - Juliette tendant à Roméo ses vêtements pour l'inviter à rentrer chez lui déclenche des rires - est le plus jeune vu à Bastille - la soirée pour les - 28 ans a fait un triomphe. Une potion miracle pour l'opéra, le spectacle musical par excellence.
    Romeo et Juliette
    Charles Gounod
    Direction d'orchestre : Carlo Rizzi
    Mise en scène : Thomas Jolly
    Cheffe de choeurs : Chin-Lien Wu
    Costumes : Sylvette Dequest
    Lumières : Antoine Travert
    Décors : Bruno de Lavenère
    Chorégraphie : Josepha Madoki
    ~
    Roméo : Benjamin Bernheim
    Juliette : Elsa Dreisig
    Frère Laurent : Jean Teitgen
    Mercutio : Huw Montague Rendall - Baritone
    Tybalt : Maciej Kwaśnikowski
    Benvolio : Thomas Ricart
    Comte Capulet : Laurent Naouri
    Pâris : Sergio Villegas-Galvain
    Le Duc : Jérôme Boutillier
    Grégorio : Yiorgo Ioannou
    Stéphano : Léa Desandre
    Gertrude : Sylvie Brunet-Grupposo
    Frère Jean : Antoine Foulon
    Manuela : So-Hee Lee
    Pepita : Izabella Wnorowska Pluchart
    Angelo : Vincent Morell
    Orchestre de l´Opéra national de Paris
    Chœurs de l’Opéra national de Paris
    Paris, Opéra Bastille - Soirée du lundi 26 juin 2023 - 19:30

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