Frédéric Lordon, "Et si on fermait la bourse ?", France Inter, L’été en pente douce, 19 juillet 2010

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  • čas přidán 19. 03. 2020
  • Version "Là-bas si j'y suis" le 2 mars 2010 :
    www.monde-diplomatique.fr/car...

Komentáře • 25

  • @nomindisponible5420
    @nomindisponible5420 Před 3 lety +12

    Ah Lordon... Je l'aime tellement...

  • @pascalnicolas8968
    @pascalnicolas8968 Před 9 měsíci +1

    Un bon chercheur !
    Merci à lui.

  • @bang-bangtv1116
    @bang-bangtv1116 Před 4 lety +8

    Excellent ! Merci ! Relayé sur Bang-Bang.tv 😉

  • @RaChel-sb5ok
    @RaChel-sb5ok Před 4 lety +6

    Effectivement assez clair

  • @franckdebank
    @franckdebank Před 9 měsíci

    Ah ah j'ai bien ri ... Erner touche pas une balle.
    Une interview avec Lordon c'est comme courir un marathon avec Kipchoge. Mieux vaut être préparé.

  • @PappyMandarine
    @PappyMandarine Před 4 lety +11

    Excellent ! Je vous mets l'article du Monde Diplo pour ceux n'ayant pas un abonnement :
    Et si on fermait la Bourse...
    C’était il y a un peu plus d’un an : les gouvernements secouraient les banques aux frais du contribuable. Mission accomplie. Mais à quel prix ? L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue à 11 400 milliards de dollars les sommes mobilisées par ce sauvetage. Soit 1 676 dollars par être humain... Mais la finance n’est pas qu’affaire de banquiers. C’est aussi celle des actionnaires. Une proposition pourrait ne pas leur plaire : fermer la Bourse.
    par Frédéric Lordon
    1
    Et si on fermait la Bourse...↑
    P
    our un peu, le grand spectacle de ces deux dernières années nous l’aurait presque fait oublier : là où la finance « de marché »* (les astérisques renvoient au glossaire), appellation un peu idiote mais il en faut bien une pour faire la différence, semble s’activer dans un univers clos, loin de tout et notamment du reste de l’économie, la finance actionnariale*, celle des propriétaires des moyens de production, campe à l’année sur le dos des entreprises - et, comme toujours, en dernière analyse, des salariés. Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Didier Lombard, président-directeur général (PDG) de France Télécom, pour offrir l’occasion, mais si peu saisie dans le débat public, de se souvenir de ce dégât quotidien de la finance actionnariale dont les injonctions à la rentabilité financière sont implacablement converties par les organisations en minimisation forcenée des coûts salariaux, destruction méthodique de toute possibilité de revendication collective, intensification épuisante de la productivité et dégradation continue des conditions matérielles, corporelles et psychologiques du travail.
    Contre toutes les tentatives de dénégation dont on entend d’ici les accents scandalisés, il faut redire le lien de cause à effet qui mène du pouvoir actionnarial, dont plus rien dans les structures présentes du capitalisme ne retient les extravagantes demandes, à toutes les formes, parfois les plus extrêmes, de la déréliction salariale. Et si les médiations qui séparent les deux bouts de la chaîne font souvent perdre de vue la chaîne même, et ce que les souffrances à l’une des extrémités doivent aux pressions exercées depuis l’autre, si cette distance demeure la meilleure ressource du déni, ou des opportunes disjonctions dont le débat médiatique est coutumier, rien ne peut effacer complètement l’unité d’une « causalité de système » que l’analyse peut très bien dégager (1).
    Si donc la refonte complète du jeu de la finance « de marché », réclamée avec d’autant plus de martiale véhémence par les gouvernements qu’ils ont moins l’intention de l’accomplir, occupe le débat public depuis un an, il s’agirait de ne pas oublier que, au moins autant, la finance actionnariale est en attente elle aussi de son « retour de manivelle »... Sous ce rapport il n’y a que le PDG de Libération Laurent Joffrin, joignant la paresse intellectuelle au désir de ne rien rencontrer qui pourrait le contrarier, pour soutenir qu’il n’y a pas d’idées à gauche (2) - sans doute pas dans Libération ni au Parti socialiste en effet (mais on a dit : à gauche). Du vide dans le regard de Laurent Joffrin, on ne conclura donc pas pour autant qu’il n’y a rien. Le SLAM (Shareholder Limited Authorized Margin ou marge actionnariale limite autorisée) est une idée (3). L’abolition de la cotation en continu, et son remplacement par un fixing mensuel ou plurimestriel, en est une autre (4). Vient toutefois un moment où l’on envisage la question autrement : et fermer la Bourse ?
    Des chroniques débonnaires du regretté Jean-Pierre Gaillard, longtemps journaliste boursier sur France Info, à l’apparition des chaînes boursières, en passant par l’incessante répétition « CAC 40 - Dow Jones - Nikkei », la Bourse aura bientôt quitté le domaine des institutions sociales pour devenir quasiment un fait de nature - une chose dont la suppression est simplement impensable. Il est vrai que deux décennies et demie de matraquage continu ont bien œuvré à cette sorte de naturalisation, et notamment pour expliquer qu’une économie « moderne » ne saurait concevoir son financement autrement que par des marchés et, parmi eux, des marchés d’actions* (la Bourse au sens strict du terme).
    Bien sûr, pour continuer de se dévider, ce discours nécessite de passer sous silence l’ensemble des destructions corrélatives de l’exercice du pouvoir actionnarial ; la simple mise en regard de ses bénéfices économiques supposés et de ses coûts sociaux réels suffirait à faire apparaître tout autrement le bilan de l’institution « Bourse ». Encore faudrait-il questionner la division entre bénéfices économiques et coûts sociaux car les tendances à la compression salariale indéfinie qui suivent de la contrainte de rentabilité actionnariale ne sont pas sans effets macroéconomiques. La sous-consommation chronique qui en résulte a poussé les géniaux stratèges de la finance à proposer aux ménages de « faire l’appoint » avec du crédit, devenu la béquille permanente de la demande manquante - on connaît la suite. Evidemment les bilans sont toujours plus faciles avec une seule colonne qu’avec deux, particulièrement, aurait ajouté l’humoriste Pierre Dac, quand on enlève la mauvaise. Mais vienne la « bonne » à se montrer elle-même défaillante, que peut-il alors rester de l’ensemble ?
    Or c’est peu dire que les promesses positives de la Bourse sont douteuses. Sans elle, paraît-il, pas de financement de l’économie, plus de fonds propres pour des entreprises alors vouées à l’insolvabilité, encore moins de développement des start-up annonciatrices des révolutions technologiques ? En avant, dans l’ordre et méthodiquement.

    • @PappyMandarine
      @PappyMandarine Před 4 lety +2

      Les investisseurs pompaient, pompaient !
      Sur le papier, le plan d’ensemble ne manquait pas d’allure. Des agents (les épargnants) ont des ressources financières en excès et en quête d’emploi, d’autres (les entreprises) sont à la recherche de capitaux : la Bourse est cette forme institutionnelle idoine qui mettrait tout ce beau monde en contact et réaliserait la rencontre mutuellement avantageuse des capacités de financement des uns et des besoins des autres. Elle ferait même mieux encore : en apportant des ressources permanentes (à la différence de l’endettement, les capitaux propres, levés par émission d’actions, ne sont pas remboursables), elle stabiliserait le financement et en minimiserait le coût. Patatras : rien de tout ça ne tient la route.
      La Bourse finance les entreprises ? Au point où on en est, ce sont plutôt les entreprises qui financent la Bourse ! Pour comprendre ce retournement inattendu, il faut ne pas perdre de vue que les flux financiers entre entreprises et « investisseurs » sont à double sens et que si les seconds souscrivent aux émissions des premières, ils ne manquent pas, symétriquement, de leur pomper régulièrement du dividende (en quantité croissante) et surtout du buy-back*, « innovation » caractéristique du capitalisme actionnarial par laquelle les entreprises sont conduites à racheter leurs propres actions pour augmenter mécaniquement le profit par action et, par là, pousser le cours boursier (donc la plus-value des investisseurs) à la hausse.
      La cohérence dans l’incohérence du capital actionnarial atteint d’ailleurs des sommets car, imposant des normes de rentabilité financière exorbitantes, il force à abandonner bon nombre de projets industriels, incapables de « passer la barre », laissant les entreprises avec des ressources financières inemployées... aussitôt dénoncées comme « capital oisif », avec prière de le restituer instamment aux « propriétaires légitimes », les actionnaires - « puisqu’ils ne savent pas s’en servir, qu’ils nous le rendent ! ». Dorénavant, ce qui sort des entreprises vers les investisseurs l’emporte sur ce qui fait mouvement en sens inverse... et donnait son sens et sa légitimité à l’institution boursière. Les capitaux levés par les entreprises sont devenus inférieurs aux volumes de cash pompés par les actionnaires, et la contribution nette des marchés d’actions au financement de l’économie est devenue négative (quasi nulle en France, mais colossalement négative aux Etats-Unis, notre modèle à tous (5)).
      Il y a de quoi rester interloqué devant pareil constat quand, dans le même temps, les masses financières qui s’investissent sur les marchés boursiers ne cessent de s’accroître. Le paradoxe est en fait assez simple à dénouer : faute de nouvelles émissions d’actions pour les absorber, ces masses ne font que grossir l’activité spéculative sur les marchés dits « secondaires »* (les marchés de revente des actions déjà existantes). Aussi leur déversement constant a-t-il pour effet, non pas de financer des projets industriels nouveaux, mais de nourrir la seule inflation des actifs financiers déjà en circulation. Les cours montent et la Bourse va très bien, merci, mais le financement de l’économie réelle lui devient chose de plus en plus étrangère : le jeu fermé sur lui-même de la spéculation est très suffisant à faire son bonheur et, de fait, les volumes de l’activité dans les marchés secondaires écrasent littéralement ceux des marchés primaires* (les marchés d’émission).
      Que la Bourse comme institution de financement, par là différenciée de la Bourse comme institution de spéculation, soit devenue inutile, ce sont les entreprises qui pourraient en parler le mieux. Le problème ne se pose simplement pas pour les petites et moyennes... qui ne sont pas cotées, mais dont on rappellera tout de même qu’elles font l’écrasante majorité de la production et de l’emploi - on répète pour bien marquer le coup : l’écrasante majorité de la production et de l’emploi se passe parfaitement de la Bourse. Plus étonnamment, les grandes entreprises y ont fort peu recours également - sauf quand leur prend l’envie de s’amuser au jeu des fusions et des offres publiques d’achat (OPA). Car lorsqu’il s’agit de trouver du financement, le paradoxe veut que les fleurons du CAC 40 et du Dow Jones aillent le plus souvent voir ailleurs : dans les marchés obligataires, ou bien, par une inavouable persistance dans l’archaïsme... à la banque ! Une succulente ironie veut qu’il y ait là moins l’effet d’une réticence philosophique qu’un effet de plus de la contrainte actionnariale elle-même, qui voit dans toute nouvelle émission l’inconvénient de la dilution, donc de la baisse du bénéfice par action. En somme, le triomphe du pouvoir actionnarial consiste à dissuader les entreprises qui le pourraient le plus de se financer à la Bourse !

    • @PappyMandarine
      @PappyMandarine Před 4 lety +2

      Cupidité déboutonnée
      Ainsi, faire la critique de la Bourse conduit immanquablement à retrouver les vraies forces motrices que le galimatias entrepreneurial s’efforce de recouvrir : il n’y est en fait question que d’enrichissement. Non pas que tous les entrepreneurs soient par principe affligés de cette cupidité déboutonnée - ceux qui ont vraiment l’envie de construire quelque chose sont mus par d’autres ressorts et se passent de la fortune patrimoniale pour s’activer (on n’en fera pas des saints pour autant...). Mais seule la Bourse pouvait installer dans le corps social, ou plutôt dans ses parties les plus concernées, ce fantasme, désormais fait mentalité, de la fortune-éclair, légitime récompense des élites économiques, entièrement due à leur génie créateur et sans laquelle on déclarera qu’on veut faire fuir le sel de la terre, tuer la vie entrepreneuriale, peut-être même la vie tout court.
      Fermer la Bourse n’a donc pas seulement la vertu de nous débarrasser de la nuisance actionnariale pour un coût économique des plus faibles, mais aussi le sens d’extirper l’idée de la fortune-flash, devenue référence et mobile, cela-va-de-soi pour bien-nés et normalité du « mérite », pour rappeler que l’argent ne se gagne qu’à hauteur des possibilités de la rémunération du travail, ce qui, dans le cas des individus qui nous intéressent, est déjà la plupart du temps largement suffisant. La Bourse comme miroir à la fortune aura été l’opérateur imaginaire, aux effets bien réels, du déplacement des normes de la réussite monétaire, et il n’est pas un ambitieux dont le chemin ne passe par elle - pour les autres, il y a le Loto, et pour plus personne en tout cas, rapporté à cette norme, le travail.
      Aussi la Bourse a-t-elle cette remarquable propriété de concentrer en un lieu unique la nocivité économique et la nocivité symbolique, en quoi on devrait voir une raison suffisante d’envisager de lui porter quelques sérieux coups. On ne dit pas que les arguments qui précèdent closent définitivement la discussion de la fermeture de la Bourse, et il y a sûrement encore bien des objections à réfuter pour se convaincre définitivement de joindre le geste à la parole. On ne le dit pas donc, mais on dit seulement qu’au moins il est temps de cesser de s’interdire d’y penser.
      Frédéric Lordon

  • @freddelcosta8520
    @freddelcosta8520 Před 4 lety +16

    A la fin le journaleux n'a même pas compris que les ouvriers travaillent.Signe de l’intérêt qu'il porte au sujet de son émission...

    •  Před 4 lety +7

      La clique bourgeoise ne sait pas ce qu’est le travail productif - faute de le pratiquer elle-même . Passant son temps à extorquer la plus-value du travail productif et appelant à tort cette extorsion « travail », la petite et grande bourgeoisie incarnée par le « journaliste », extraordinairement oublieuse de sa condition parasitaire parle du prolétariat sans jamais rien connaître des conditions de son existence.

    • @pierrejacquenod9269
      @pierrejacquenod9269 Před 4 lety +3

      Apparemment, tu n'as pas bien compris non plus, ni au journalisme, ni au journaliste.

    • @gillesvendeur6233
      @gillesvendeur6233 Před 4 lety +3

      Guillaume Erner (qui a quitté Inter pour France culture) est DE LOIN un des meilleurs journalistes de notre pays. Dans le cas présent, il ne coupe pas son invité, creuse les concepts, demande des précisions (car il sait que ses auditeurs n'ont pas tous un master en éco).
      Si tous les journalistes avaient son niveau de connaissance, sa capacité à travailler ses dossiers avant de recevoir un invité et son intégrité, les français seraient mieux éclairés !!

    • @lionelyork4960
      @lionelyork4960 Před 4 lety +2

      @@gillesvendeur6233 bonjour,
      Il faudrait demander l'avis à Emmanuel Todd ou à Mr Lordon ...
      Un journaliste de droite, même brillant, reste avec ses biais de droite.....

  • @marysemazeres1430
    @marysemazeres1430 Před rokem

    du temps ou france inter nous informait vraiment en invitant des chercheurs de tous bords.

  • @suzypaton1597
    @suzypaton1597 Před 4 lety +2

    Mais où va l'argent ? :o

  • @WearySisyphus
    @WearySisyphus Před 3 lety +3

    Eh bé, France Inter a bien changé en dix ans et devenu suppot du macronisme.

    • @pierric2748
      @pierric2748 Před 2 lety +1

      Un rapport entre Lordon et le macronisme ?

    • @franckdebank
      @franckdebank Před 9 měsíci

      Il n'est pas invité par les thuriféraires du macronisme

  • @francserres5536
    @francserres5536 Před 3 lety

    C'est ce que j'exprime avec blogs.mediapart.fr/franc-serres/blog/270420/la-supercherie-financiere

  • @mv3772
    @mv3772 Před 3 lety +1

    Toujours 4 pouces en bas pour 272 pauvres pouces bleus en haut ce 03 décembre 2020, 10 ans après : l'éducation populaire a encore beaucoup de boulot à abattre, les amis :-)
    A l'orée de VRAIS chaos sociaux un peu partout en 2021, COMMENT IMPOSER LA DEMOCRATIE A LA FINANCE ?

    • @freeraiderfranc8785
      @freeraiderfranc8785 Před 2 lety

      360 pbleus et 18 commentaires le 1 06 2022.... l'algo fait de la résistance ? Ou est-ce inter qui rue dans les brancards ?
      Ne pas confondre occultation et occultisme.
      Le petit bout de la lorgnette sur les affaire qui nous est consenti ne laisse paraître qu'une partie mineure de LA partie qui se trame.
      Le capital est l'accaparement du labeur des générations précédentes par une minorité de profiteurs.
      Le pouvoir est seulement une forme de hiérarchie héritée d'un modèle conçu par les premiers penseurs de la dominance.
      Il n'existe que par notre consentement.
      Les prédateurs sauvages ne se battent que rarement à mort, les règnes de dynasties sont renversés à la faveur d'union de groupes aux intérêts convergents .... hélas ils nous possèdent déjà... par l'argent ! Chaque fois que nous payons, une partie sert à garantir la pérennité de ces castes.
      Viol saccage pillage et servage n'ont jamais cessé.
      Terre Vérité Amour sont nos seules valeurs humaines communes dignes d'intérêt.
      Éviter l'essentiel... votre temps de cerveau disponible est leur fond de commerce.
      Quel sens ont nos vies? Reproduire un modèle ou bien nous élever ensemble ?
      Comment parler de confort ou de progrès quand 1% se gavent sur le dos des 80% dont ils maintiennent artificiellement la tête hors de l'eau ?
      Gravité et nécessité président à nos vies. Peut-il seulement y avoir d'autres lois ?
      Dogmes normes codes et lois empêchent-elles la vérité de triompher? Leurs châteaux de papiers ne tiennent qu'à notre soumission. "L'anarchie c'est pas ce que tu crois", par l'école du chat noir, sur yt.
      RIC pour gouverner. Tous ensemble enfin.
      Et tome 2 audio.... por favor.