Mémoires & Traumatismes · 20 mars 2019

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  • čas přidán 31. 03. 2019
  • Les liens entre mémoires et traumatismes au prisme de la neuropsychiatrie, de la neuropsychologie et de l'histoire | Conférence autour de Boris Cyrulnik, Francis Eustache et Denis Peschanski, organisée le mercredi 20 mars 2019 à l'université de Caen Normandie dans le cadre de la 25e édition du Séminaire Jean-Louis Signoret

Komentáře • 7

  • @francoiso3046
    @francoiso3046 Před 4 lety +7

    Boris Cyrulnik est toujours non seulement passionnant, mais aussi le plus clair possible, alors qu'il appartient à un monde non seulement médical mais spécialisé (neurologie), comme l'était Freud.
    Ce qu'il montre, d'une manière technique, au départ, c'est le fait que la manière dont nous réagissons à un événement, un fait, un simple mot, n'est pas la même selon l'individu : tout dépend de la manière dont le sujet a été "sécurisé", avant le fait perturbant, par tel ou tel milieu. Finalement, comme au 17ème siècle, avec la façon dont Spinoza remettait en cause notre liberté, Mr Cyrulnik rattache notre présent à un passé: comme chez Spinoza, il passe par la notion de DETERMINISME (notion philosophique) pour expliquer la réaction psychologique de tel ou tel sujet vis-à-vis d'un fait, d'un mot, etc.. En effet, d'après l'explication à la fois "psychologique" et scientifique (biologique), le sujet ne réagit d'une manière totalement LIBRE vis-à-vis d'un mot, par exemple, une insulte, par exemple : c'est n'est pas en toute liberté que nous réagissons, mais c'est parce que ce "milieu", dont parle Mr Cyrulnik, est la CAUSE DETERMINANTE de la réaction du sujet vis-à-vis des faits qui se produisent ensuite.
    Cependant, quelle que soit l'influence de ce milieu plus ou moins sécurisant, quelles que soient les différences, d'un individu à l'autre, des réactions, vis-à-vis de faits extérieurs, comme un simple mot, par exemple, ne peut-on pas considérer qu'il existe un fait, un seul fait, universel, si je puis dire, par rapport auquel tout sujet, malgré toute tentative pour se défendre, ne va pas pouvoir vivre sa vie "normalement", c'est-à-dire sans souffrance pathologique ?
    Regardons le film : "LES CHATOUILLES", sorti en 2019 : il répond parfaitement à notre question. L'enfant, rappelons-le, pour ceux qui pourraient imaginer qu'il a une sexualité, une "vraie" sexualité, est totalement innocent, il est totalement "pur" (comme le dit si bien la chanson d'Enrico Macias) : "pur" non pas dans le sens où il n'aurait aucune mauvaise pensée (car la nature humaine est à la fois bonne et mauvaise) mais "pur" par rapport au désir sexuel, aux "pulsions" sexuelles (Freud) qui poussent l'adulte à agir… plus ou moins normalement. Si l'on reconnaît que l'enfant ne connaît pas la sexualité (que ce soit par son propre corps ou que ce soit pas le fait le désir n'existe pas encore dans son âme), comme le démontre film "LES CHATOUILLES" (la jeune fille ne réagit pas!), alors on doit reconnaître que l'agression, en l'occurrence, va bien au-delà d'une dimension purement physique. En clair : le violeur, dans le film "LES CHATOUILLES", ne se joue pas seulement avec le corps de la jeune fille. Il utilise un corps, le sexe pour être précis, pour satisfaire son propre désir. Mais, apparemment, il n'est pas conscient que l'agression est en même temps que physique un VIOL PSYCHIQUE ! Ce qui est terrible, dans le film, c'est ce visage de la jeune fille qui, lors d'une agression sexuelle, va reste figé : c'est un visage qui n'exprime rien, aucune émotion, aucune joie d'être avec son "ami" qui prétend vouloir "jouer" avec elle (mensonge), aucune plaisir physique, et, bien sûr : AUCUN PLAISIR SEXUEL (contrairement à l'agresseur, qui satisfait son désir, sans être conscient, apparemment, de l'absence de tout désir et de tout plaisir chez la petite fille). Bref : si j'interprète justement le jeu d'acteur (extraordinaire jeu d'acteur!), LA PETITE FILLE EST FIGEE PAR LA PEUR. Je crois que ce qui confirme mon hypothèse, c'est le fait que l'on voit, par la magie du cinéma, la petite fille imaginer sa vengeance, en visualisant son père (Guillaume Canet, qui joue le rôle du père), en frappant à coups de poing le violeur.
    Qu'en est-il de la mémoire ? D'un point de vue philosophique, le mot "mémoire" a plusieurs sens. Cela va de soi. Le mot "mémoire" peut nous évoquer, dans une perspective "matérialiste", le fait que le cerveau imprime les événements, au fur et à mesure d'une vie. L'âme, pour certains philosophes matérialistes (Epicure) est de la matière. Mais peu importe. La question importante est l'oubli. En effet, nous pouvons émettre cette hypothèse : notre mémoire va RETENIR telle ou telle information, si celle-ci est vraiment importante. Cela rejoint une autre théorie philosophique, que nous trouvons dans la phénoménologie, en particulier chez Sartre : le SENS pour Sartre, de telle ou telle chose est variable selon notre PROJET (cf L'être et le néant). Si le SENS d'un numéro de téléphone, par exemple, que j'ai gardé sur un bout de papier, ne compte pas, c'est précisément parce que je ne projette rien : je ne veux pas rappeler la personne : mon projet est ailleurs, si je puis dire. Ainsi, la phénoménologie est intéressante, parce que, parallèlement aux réflexions scientifiques sur la mémoire et la conscience, elle présente une explication non matérialiste : le SENS du monde dépend du PROJET de ma conscience.
    Si j'applique cette idée à notre exemple, qui est bien illustré par le film "LES CHATOUILLES", je pourrais en conclure, simplement, et avec un sentiment d'évidence, que la petit fille va MEMORISER son viol, parce cette agression va contre sa volonté, parce que l'agression l'angoisse (n'oublions pas son visage figé… alors que son agresseur, lui, aime son propre plaisir), parce que son intimité est violée, parce que son âme est cassée avant même que la sexualité apparaisse (en idées, en images, en fantasmes, désirs, etc...). Or, voilà LE PARADOXE DU TRAUMATISME ! En effet, si nous regardons bien le film, avec les nombreux retours en arrière, ce n'est peut-être que 30 ans après, que la femme (qui était la petite fille violée) décide de voir une psychologue ! Tout se passe comme si un vide s'était installé dans la tête de la petite fille. Tout se passe si la petite fille avait "choisi" de CONTINUER SA VIE; COMME SI DE RIEN N'ETAIT ! Qu'en est-il du traumatisme ? Je croyais que le fait d'être traumatisé, sur le plan psychique, signifiait l'IMPOSSIBILITE D'OUBLIER. En un sens, j'avais en partie raison : dans le film "LES CHATOUILLES", on voit clairement que LE PASSE N'EST PAS OUBLIE. L'agression est tellement forte sur le plan psychique (et non pas seulement au niveau du corps) que LE SUJET NE PEUT PAS OUBLIER. C'est pourquoi, lorsque certains psychologues se contentent de dire, simplement que "LE PASSE, C'EST DU PASSE". Cette idée est fausse : le passé, dans le viol, même s'il n'apparaît pas pendant 30 ans, peut revenir à la surface, et, du coup, engendre une grosse névrose, ou même une psychose, bref : UNE SOUFFRANCE PSYCHIQUE. La névrose, pour Freud, n'est-elle pas un "mécanisme de défense" ?
    La psychothérapie, quelle que soit sa forme, ne consiste pas à supprimer le traumatisme psychique, comme si le passé pouvait devenir du "néant" à jamais (ce n'est pas possible), mais à souffrir de moins en moins, et à vivre de mieux en mieux…. avec les autres.
    Finalement, après notre réflexion, nous comprenons que l'interprétation phénoménologique de Sartre ne suffit pas : le SENS ne dépend pas que du futur. Je pense qu'il faut tenir compte d'une certaine forme de DETERMINISME PSYCHOLOGIQUE (Spinoza : en philosophie….. Freud : le "père" de la psychanalyse), comme le fait Mr Cyrulnik, au début de la conférence.
    "SE SOUVENIR DES BONNES CHOSES" (titre d'un autre film, avec Isabelle Carré et Bernard Campan) : n'est-ce pas une bonne méthode pour compenser, par rapport à un mauvais passé?
    On n'échappe pas à son mauvais passé : telle est la mémoire ! Mais on peut aller voir ailleurs, se projeter (Sartre) vers un monde meilleur.. vers ce que Freud appelle "la sublimation".

    • @nervoussprod
      @nervoussprod Před 3 lety +1

      A la suite d'un trauma le cerveau peux oublier certaines choses liée à l'évenement, voir, oublié entièrement l'évènement ! (on dit que le cerveau a occulté les choses) C'est en quelque sorte un système de sécurité du cerveau pour évité à la personne d'en souffrir dans l'avenir ! cela évite "par exemple" de subir un SSPT (syndrome de stress post traumatique)
      PS: j'en témoigne en connaissance de cause.

  • @dianaliniado2023
    @dianaliniado2023 Před 5 lety +1

    Merci pour cette conférence qui nous propose de nouvelles réponses mais aussi et surtout de nouvelles questions.

  • @alecdejerphanion5966
    @alecdejerphanion5966 Před 4 lety +3

    TC, Traumatisé Crânien j'ai fait le récit de mon parcours depuis mon traumatisme, Je le considère, étant concerné au premier chef, comme un véritable récit de vie et travail de résilience.
    Je revendique le droit si ce n'est le devoir des sujets concernés de faire eux-même entendre leur voix quand ils le peuvent; Nombre de ceux avec qui j'ai vécu ne pouvaient plus parler, Le pouvant, j'ai le devoir de le faire.
    L'avis de Boris Cyrulnik sur ce récitl serait la reconnaissance du travail de mémoire et d'écriture accompli.
    Pouvoir se dire je n'ai pas traversé ces jusqu'à présent 13 années de confinement dans des hôpitaux et centres médicaux pour rien. Hors du monde, j'ai malgré tout une utilité et une valeur qui me permettent d'avancer écorché vif mais homme debout.

  • @vincentlaugier6928
    @vincentlaugier6928 Před 4 lety +2

    Fort intéressant !

  • @mmsk6048
    @mmsk6048 Před 2 lety

    Merci de nous donner aussi votre avis en une séminaire sur les traumatismes que tout la société vit et la peur perpétuelle fournie par les médias propagande des politiques et des multinationaux américains.... Et dans l'amour de l'humanité que je suis persuadée qui vous préoccupe, dites comment agir à ce stade de notre civilisation en disparition....