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Bouzid Kara - "Prendre les droits civiques comme ça, c'est rentrer dans le système"

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  • čas přidán 20. 01. 2017
  • Entretien avec Bouzid Kara, un porte-parole des Marcheurs pour l'égalité et contre le racisme de 1983. Réalisé par Mogniss H. Abdallah avec la participation de Nordine Iznasni et l'équipe vidéo de l'agence IM'média, dans le cadre d'une enquête sur les "Beurs" face aux urnes, à la veille des élections de mars 1986 qui verront la victoire annoncée de la droite, et la cohabitation du gouvernement Chirac avec le président François Mitterrand.
    Ce montage vidéo de 10 min. 56'' a été effectué en hommage à Bouzid Kara, personnage attachant et compagnon de route, qui nous a quittés mi-décembre 2016.
    Bouzid Kara, qui a rejoint la Marche à Pierrelatte (Drôme), a impressionné par sa sensibilité, par sa capacité à interroger le monde, et à s'interroger lui-même. La rumeur publique l'a même affublé d'un énorme point d'interrogation (imaginaire) tatoué dans le dos.
    Idéaliste et pragmatique à la fois, erratique par moments, il a consigné ses réflexions d'"Arabe de France", de chômeur aussi, dans son livre "La Marche, traversée de la France profonde"(éd. Sindbad, 1984, réédité chez Actes Sud en 2013). C'est une ode au dépassement des clivages entre les harkis et leurs enfants, les immigrés de nationalité algérienne et les Français d'origine algérienne, clivages liés à la colonisation et à la guerre d'indépendance, et reproduits au sein même de l'immigration et de ses héritiers, d'une génération à l'autre.
    Face aux provocations racistes endurées pendant la Marche, il y raconte « la victoire sur soi-même » : ne pas répondre à la haine par la violence. Pour autant, il n'est pas dupe de l'atmosphère du « tout s'arrange ». À force de se montrer « diplomate » et « efficace », « nous continuons à parler calmement d'un phénomène violent », écrit-il. Le plus urgent, c'est de « désarmer les petits Blancs » (cf. aussi Bouzid Kara, "Après la phase gentille de la Marche, confronter la réalité sur le terrain", in IM'média magazine n°1, Automne 1984).
    Suite à la "phase gentille" de la Marche, il a tenté de lancer une campagne de sensibilisation aux droits civiques, à Aix-en-Provence et dans les environs. Par droits civiques, il entend aussi bien la restitution de leurs droits à ceux qui en ont été privés pour des "erreurs de jeunesse" que l'égalité des droits (sociaux, politiques et culturels) entre Français et immigrés, dont le droit de vote. Les expulsions du territoire, sous la gauche comme sous la droite, sont aussi pour Bouzid Kara une forme de négation des droits civiques et des droits humains. Il n'oublie pas l'essentiel, le droit à la vie. Il pense ici aux nombreuses victimes des crimes racistes ou sécuritaires.
    Il créé alors l'association Dignité, notamment avec ses amis d'Aix, de Meyrargues et du camp de rapatriés harkis d'Algérie, le Logis d'Anne.
    Mais il est déçu par les effets d'annonce sans lendemains, le manque de moyens et les manipulations du gouvernement ou de ses satellites tels SOS Racisme "envoyés pour anesthésier une colère légitime". Sans oublier les "beurs civilisés", à l'instar de l'association France Plus. Il fustige alors l'instrumentalisation de la notion de droits civiques à des fins électoralistes. Dans l'entretien filmé avec l'agence IM'média au printemps 1986, il considère dès lors que « prendre les droits civiques comme ça, c'est rentrer dans un système qui nous a toujours reniés en tant qu'Arabes et en tant que musulmans. On peut rentrer dans ce système, à condition d'avoir les moyens pour faire campagne. Sinon, on ne fera pas long feu ». Clairvoyance prémonitoire !
    Il ajoute à propos des candidats « beurs » : « Le jour où on a montré à la télé un candidat « beur » comme on dit, chez moi, on était tous contents, on était fiers, même si le gars n'avait pas grand-chose à dire ... Je crois qu'ils font fausse route, mais leur action peut servir à d'autres jeunes pour leur dire : "Mais osez, allez-y !" »
    Les critiques acerbes de Bouzid Kara contre les hommes politiques, de gauche comme de droite, n'épargnent pas les antiracistes et le mouvement "beur", ni même ses propres illusions initiales sur le PS. Aujourd'hui "j'ai l'impression que les manifestations deviennent des espèces de réunions mondaines, même quand les gens vont assister à un procès... On est en train de s'enfoncer dans un antiracisme tranquille. Le mouvement manque singulièrement d'idées et sombre dans la routine... Même nous, en tant qu'Arabes, on ne réagit plus avec assez de vigueur". Pour autant, il ne partage pas l'idée de constituer un groupe de pression, un "lobby".
    Bouzid Kara conclut en estimant que le retour annoncé de la droite après les élections de mars 1986 sert plus d'épouvantail qu'autre chose, cela quand bien même "la situation va aller de pire en pire". C'est d'un système "périmé" qu'il faut se débarrasser... "pour proposer autre chose". Encore faut-il avoir les moyens de sa politique, insiste-t-il, en redemandant une fois encore :"Est-ce que tu vois ce que je veux dire?"

Komentáře • 2

  • @naguiballam5793
    @naguiballam5793 Před 5 lety

    EN COMMEMORATION : DES DEUX ANS DE LA DISPARITION DE NOTRE AMI BOUZID KARA
    "A l'annonce de sa mort, une première image m'a envahie : celle de son sourire en coin et sa verve inégalable...Un homme particulier au sein du mouvement, loin des l'images stéréotypées accolées aux leaders de la "Marche" de 1983, auquel il fut l'un des acteurs actifs...Un idéaliste pur, défenseur des droits humains jusqu'au bout, adepte des formules fortes, sur l'instant, mais à la phrase toujours juste et réfléchie. Son itinéraire, résume un engagement permanent pour la cause des quartiers, du combat pour la justice, sans la moindre duperie, un être en perpétuel questionnement sur les modes de lutte à entreprendre...
    C'est dans cet esprit que j'avais décidé de le retrouver dans son domicile à Aix en Provence, lors
    de l'un de mes déplacements à Marseille, relatif à l'organisation des rassemblements des Familles des victimes sur la Place Vendôme. Je le savais emballé pour cette idée, malheureusement, pour des raisons de timing différents, et après maintes courses poursuites au téléphone, notre rendez-vous sur place n'a pu se réaliser. C’est cette frustration qu’il me reste, mais pas seulement, heureusement...
    L'image de son intervention au forum justice de Vaulx-en-Velin, à l'étape Lyonnaise de la marche, en commémoration de la première année de la mort de Wahid, face au père du meurtrier, (venu inopportunément au forum, traduit intelligemment, avec force et émotion, dans son livre "La Marche") est révélatrice de la marque "Bouzid Kara", originale et rare, au sein du groupe des marcheurs. Depuis, nos routes, avec celles d'autres militants, n'ont pas eu l'occasion de réaliser ce grand dessein de rassemblement, d'union, qui lui tenait à cœur...C'est toujours après, malheureusement, et bêtement, que l'on réalise la perte, que l'on se dit "On gagnait à le connaître"....Sa disparition et sa marque laissée au sein du mouvement, le rend plus vivant que jamais ...D'ici bas, on lui dit salut bonhomme…
    Puisses-tu de la Haut, voir réaliser et perpétuer cet engagement qui te tenait à cœur
    Naguib ALLAM

  • @ayoubbenamara265
    @ayoubbenamara265 Před 4 lety

    Nass le ghiwan 👍