Je la sors , poème de Robert Vitton 2004.

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  • čas přidán 21. 06. 2024
  • illustration de patrick Lalande.
    poème complet sur le site Ralm:
    www.lechasseur...
    Né en 1947 à Toulon, il s’installe à Paris en 1980. Voué à l’écriture dès son jeune âge, porté par l’amour démesuré des mots, passionné de poésie et de chanson, il poursuit sans relâche ses recherches sur les langages, sans concession sur les exigences techniques et jouant sur les formes peu usitées. Aujourd’hui, il se considère toujours comme un éternel apprenti sorcier et sourcier. Salué comme un des leurs par Pierre Seghers, Jean Ferrat, le conteur Henri Gougaud, nombre de ses poèmes ont été chantés par René Petrucciani dit Meille, par la vielleuse Kathy Ferré et tout récemment Rémo Gary sur une musique de Frédéric Bobin. Son recueil paru récemment chez Wallâda, Pièces et Morceaux, Musiques intérieures, consacré aux instruments de musique, fait l’objet d’adaptations poétiques et théâtrales auxquelles il participe avec une présence scénique et une puissance épique qui l’a fait surnommer « L’Homère du XXI° siècle ». Sociétaire de la Sacem, de la Société des Gens de Lettres, il a publié à ce jour douze ouvrages - poésie et prose - (éditions de la Grisière, Saint-Germain-des-Prés, Le chasseur abstrait éditeur, Wallâda). Il est présent dans de nombreuses revues (Agora, Encres vagabondes, RAL’M) depuis 2005, ainsi que dans plusieurs anthologies (Poésie 1, Cahiers de St Germain des Prés, Poésie comique des origines à nos jours de J. Breton et J. Orizet). Il collabore également à des ouvrages collectifs chez divers éditeurs (Scolavox, Albin Michel, Ral’M, Cherche-Midi éditeur).
    Je tisse, je m’escrime dans ce vingt-et-unième siècle comme je l’ai fait dans le vingtième et comme je le ferai dans le trentième. La succession des jours, des ans, des époques nous offre des traces, des indices, des signes, des trouvailles, des énigmes, des clefs, des outils, et par conséquent des langages. L’évidence même, j’ai à ma disposition toutes les modernités révélées. J’ai à ma disposition les onomatopées caverneuses, les plaintes et les cris gutturaux, les grommellements et les gueulements caserniers, les accents des tours babéliques des banlieues, les verbiages salonnards, les babillages commerciaux et industriels, les incantations des fées féodales de la Finance, les anônnements bâtés, entravés de la main-d’œuvre, les ricanements édentés de la Misère... J’ai à ma disposition, dis-je, tous les langages tirés de la nuit, des cendres, de la poussière, des fosses des temps. Ce qui me fait croire que le bipède omnivore, avec ou sans plume, cocalisé, duffel-coatisé, basketisé, bigophonisé, walkmanipulé, en quelque sorte équipé pour recevoir la connaissance, devrait tirer avantage des évolutions dues aux grands chantiers de la Science et de l’Art. J’ai à ma disposition les archaïsmes, les barbarismes, les maniérismes... Les mots, des mots, mes mots... Un personnage est d’abord du texte, constatait Louis Jouvet. J’ai posé mes mots, j’ai rencontré des mots, j’ai désigné, taillé, forgé, déformé, inventé les mots. Un personnage est fait de mots c’est à dire d’idées, de paysages, de lieux, de souvenirs, de personnages.. Au fil de mes relectures, je suis devenu - peut-être redevenu - tous ces personnages, tous les personnages que ces personnages portent en eux. Je n’ai pas toujours eu la maîtrise des entretiens intérieurs, des demandes, des réponses, des questions, des réparties, des ripostes, des afflux, des tourbillons... J’ai travaillé les sons et les sens jusqu’à l’ivresse de la profondeur, interrompant, détournant le courant paisible ou rythmé de l’écriture. J’ai profité sans restriction des aparté, des silences, des rebondissements, du grotesque, du burlesque, du pathétique, de mes réminiscences. Le décor... J’avais en mémoire ce conseil d’Ernest Hemingway : Quand on a quelque chose de difficile à faire dire à un personnage, surtout le faire boire.
    Robert VITTON

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