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Et Dieu créa l'ANPE, de Mustapha Arab - alias Belade ( 1994 )

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  • čas přidán 14. 05. 2019
  • En hommage à Mustapha Arab - alias Belade - comédien, auteur et metteur en scène autodidacte né en 1957, décédé le 20 avril 2019 à Imphy dans la Nièvre.
    Extraits de la pièce Et Dieu créa l'ANPE, avec Mustapha Arab et Belkacem Lahbaïri - alias Baba -,
    présentée le 28 mai 1994 au Berry-Zèbre (Paris), pour l'arrivée de la Marche nationale des chômeurs et des précaires.
    « J’suis maudit depuis ma naissance dans le bidonville de Nanterre [...] La dernière fois que j’ai gratté un ticket du millionnaire, y avait inscrit dessus, tête de con […]
    Je suis un analphabète de la classe des irrécupérables. J’comprends rien, j’ai jamais rien compris, même pas le nom des rues. Je suis un ignare, un poltron, une victime des temps modernes, un super exclu du savoir. En vérité, je suis mort, je n’existe plus, je suis plus que l’ombre de mon hombre. Qui suis je ? Où vais-je ? To be or not to be ?!
    [...]
    Et puis j’en ai marre de faire pitié. Toujours cette pitié qui me colle aux fesses. Allez, du nerf J.R., tu vas pas te laisser abattre ! T’en a vu d’autres. Faut relever la tête avec dignité ! [...]
    Peut-être qu’une bonne tartine de corned-beef et un bon godet de paf m’aideraient à sortir de cette petite crise de mélancolie. »
    Entre auto-dénigrement et velléités de se ressaisir, ce monologue tragi-comique dans le décor sordide d'un taudis de l'ouest parisien est tenu par un chômeur longue durée surnommé J.R , réminiscence fantasmatique du personnage sans foi ni loi de Dallas et de son « monde impitoyable », ici interprété par Mustapha Arab - alias Belade. Il est interrompu par l'arrivée de Socrate, son compagnon d'infortune, interprété par Belkacem Lahbaïri - alias Baba, avec qui il n'a cesse de se chamailler. « Assez ! Assez de verbes non conjugués ! » s'écrie Socrate, clamant « Moi je me suis formé tout seul. Je suis un autodidacte ». Il est censé être « le philosophe, le poète, mieux armé pour affronter une vie difficile, éclaire son ami, le rassure, le conseille, rationalise ses plans douteux. Malgré tout son savoir, tout ce recul, Socrate est un être aussi faible que J.R. Il n'a pas été épargné par le cercle vicieux de la misère et de l'ennui ». « Dans ce monde impitoyable », fulmine Belade (in plaquette de présentation de la pièce), « il n'y a de place que pour les gagnants, les pistonnés,... et le bagne, l'enfer, la promiscuité pour les recalés par vingt fois du certificat d'études primaires et du permis de conduire ».
    Et Dieu créa l'ANPE regorge de mésaventures vécues, et la publication par l'agence IM'média en 1994 d'un roman éponyme signé Belade, sous la forme d'un journal de bord, pourrait accréditer l'idée d'une sorte d'auto-biographie. Alors, Belade et Baba jouent-ils leur propre rôle dans la vie armés de la tchatche de banlieue, un rôle de composition dans la tradition de Molière et de la Commedia dell'arte, ou tout cela à la fois ? Ils brouillent les pistes à l'envi. Dans Week-end à Nanterre (fin 1976 - début 1980), pièce d'un théâtre précurseur de la créativité lascars, ils jouent déjà leur numéro à l'ANPE ou aux Assedics chaque fois qu'on remet en cause leurs allocations chômage. Tour à tour menaçants et jovials, ils déroutent leur monde, finissant par obtenir satisfaction. N'empêche. De Bienvenu au chômdu à Et Dieu créa l'ANPE, quand il s'agit d'aller à la poste pour retirer une lettre recommandée, c'est la peur panique d'un courrier d'huissier, d'un avis de saisie ou d'expulsion...
    Ambiguïté également à propos de leur tête d'Arabes : jouent-ils des immigrés ou des héritiers de l'immigration ? Dans Et Dieu créa l'ANPE, on les surprend dans un délire raciste sur les moutons égorgés dans la baignoire. Pourtant, ils ne rechignent pas par ailleurs à participer à des actions publiques sur le thème « immigration et chômage » (cf. On Marche etc... Vidéo-journal de la Marche des chômeurs et précaires, prod. Agence IM'média, 1994). Belade a en tout cas depuis longtemps récusé le « bougnoulisme » et la misérable nostalgie de l'immigré. Son credo : « Nous, les Arabes, on est aussi capables de faire rire. »
    Mogniss H. Abdallah
    15 mai 2019

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