Trouble-Fête #8 - L'Histoire de France est-elle une grande fête paysanne ?

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  • čas přidán 12. 02. 2024
  • Saturnales romaines, parodies bouffonnes, fêtes des fous, messes des ânes du Moyen ge, carnavals et charivaris de la Renaissance qui pouvaient durer jusqu’à trois mois… Pour Jacques Deschamps, “la fête est la seconde vie du peuple, basée sur le principe du rire.” Elle est l’endroit où les individus peuvent entretenir des rapports nouveaux et proprement humains avec leurs semblables, en renversant toutes les hiérarchisations sociales et les tous les ordres qui les imposent.
    Jacques Deschamps est professeur de philosophie. Il a enseigné au lycée puis à l’Ecole normale supérieure de Lyon, et a fait paraître un livre, Eloge de l'Émeute, aux Liens qui Libèrent, en mai 2023, et s’est intéressé (entre autres) à l’histoire des traditions ancestrales et des fêtes populaires et paysannes et ouvrières. Et comment la révolution industrielle a rappelé à l’ordre la populace.
    Jacques Deschamps ne mâche pas ses mots. Pour ce philosophe matérialiste, le capitalisme est responsable “d’un second crime contre l’humanité, celui d’avoir anéanti le sens des festivités et le goût merveilleux de rire, chanter, danser.” Impossible à ce propos de ne pas y voir le même mode opératoire dans la processus colonial, basé sur le même genre de fantasmes, d’un indigène tribal, musclé, qui s’épuise en danses, relaxation, orgies et violences.
    Le philosophe s’intéresse plus généralement à la question des corps. A l’inverse des passions tristes conceptualisées par Spinoza, il préfère la promotion “d’un grand cérémonial dionysiaque” et fait d’abondantes références à la dimension festive et joyeuse des luttes. Vous conviendrez que ça n’est pas la première image que l’on a en tête lorsqu’on parle de soulèvement populaire.
    Spinoza donc, Deleuze, ou encore Michel Foucault… notre invité s’appuie sur les travaux des intellectuels pour décrire le système de moralité, et comment celui-ci s’appuie essentiellement sur l’emprise du pouvoir politique sur les corps.
    On aborde la peur panique des dominants de la tendance du peuple à la paresse, au jeu, à leur “goût ignoble à la débauche, aux ivresses, comme à une sexualité débridée violant tous les tabous. Dans tous les usages érotisés du corps, sexuels ou ludiques (danse, etc), ils voient des penchants pervers.”
    En sa compagnie, on se plaît à vouloir retrouver le sens profond de la fête, et se souvenir d’abord que les festivités sont une forme première et marquante de notre humanité.
    www.sourdoreille.net
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  • Hudba

Komentáře • 3

  • @maitreicardinzo9021
    @maitreicardinzo9021 Před 14 dny

    Très pertinent !

  • @Shade-Cloak
    @Shade-Cloak Před 4 měsíci

    L'explication par le rythme je la trouve hyper pertinente.
    Je suis un autiste qui n'aime pas faire la fète, je viens du hardcore et de la drum, j'ai trouvé cette chaine suite au docu sur Manu y'a des années, gabber d'intérieur donc fasciné en musique par les expaces expérimentaux dans une dialectique "autisto-punk", donc l'aspect subculture + intello/technique//expérimental, représenté par l'indus et le crossbreed, la hard drum etc... pour ce milieu la. Ancien puriste no-fun-allowed repenti.
    L'épisode avec l'intervenante qui parlait des mères était hyper intéressant pour moi parce que j'ai enfin compris à bientot 30 ans ce que les autres gens ressentent en faisant la fète et dont j'avais pas idée, le coté social + existentiel. Les quelques fois ou je suis allé en event, je me suis rendu compte après coup que j'avais jamais considéré ça comme "faire la tète", moi j'allais écouter des sets, j'allais en festival. Les gens sont surpris quand je leur dit que je vais toujours au premier rang et que je bouge beaucoup, alors que pour moi c'est tout aussi évident et indispensable que d'y aller seul (enfin être seul pendant, avant non).
    La question du rythme pour en revenir à ce que je veux dire, c'est un angle d'analyse hyper pertinent, pas juste pour son histoirité et son coté transcendant qu'il décrit, mais aussi pour son universalité à mon avis, c'est à dire que la question du rythme c'est la viscéralité, ça me parle autant à moi qu'aux autres, je suis sur que le public fétard habituel à un rapport existentel au rythme, différent du mien, mais c'est le point commun central. Moi je stim en faisant du beatbox depuis au moins ado, au point de me demander si c'est pas lié à avoir jeté mon dévolu sur le hardcore puis la drum puisqu'introverti, en pleine campagne, la ou ado, tout mes potes écoutant de la variété, des hits et du nu-metal, et mes parents n'avaient pas d'identité musicales claire. Je ne chante pas beaucoup mais je fais des rythmes tout le temps, j'adore les belles voix mais j'ai jamais cherché à les répliquer.
    Dans une fète, la seule chose que j'expérimente je dirais c'est le rythme et l'atmosphère, avec un rapport existentiel hyper fort vis à vis de ces deux aspects. Vu que techniquement j'aime pas la fète, c'est cohérent avec l'idée que ce soit le ciment universel que tout le monde ressent, le minimum, la ou la majorité des gens ensuite vont y chercher d'autres choses par rapport à leur être et leurs conditions matérielles, j'adhère grave à l'idée que le rythme est le coeur de la chose, à laquelle l'intégralité de l'expérience personnelle sous toutes ses formes possibles est ramifiée, ainsi que le générateur de l'atmosphère.

  • @AndreCaronCaron
    @AndreCaronCaron Před 4 měsíci

    Une belle découverte que ce philosophe dont je me sens très solidaire par sa pensée sur la fête, la danse. '' La littérature ça m'ennuie, j'aime l'histoire '', encore là cela me parle puisque ma bibliothèque contient 98 % de livres d'Histoire des humains et civilisations d'abord, des dinosaures, des étoiles, et le 2 % restant c'est de la science-fiction qui encore là me raconte la construction d'autres mondes inventés mais qui pourraient être le mien. Oui la littérature m'ennuie, non pas qu'aucune grande oeuvre, comme chez Balsac, ne m'atteint, mais c'est une invention du monde qui est le mien, donc cette impression de perdre du temps m'habite, en lieu je préfère relire pour la 4ième fois la guerre des deux roses. Je ne sais pas si j'aurais pu faire cet aveu avant cette vidéo, comme si je n'y avais pas songé aussi clairement, avant !