Emmanuel Lévinas - Les limites du savoir

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  • čas přidán 24. 11. 2015
  • En 1980, le célèbre philosophe français Emmauel Lévinas, réputé hermétique, accorde une série d'entretiens à Philippe Nemo, pour l'émission Les Chemins de la connaissance. L'objectif est de simplifier - sans vulgariser - sa pensée, et ce afin de la rendre accessible au plus grand nombre. Dans un de ces entretiens, Lévinas discute de "Totalité et infini", un de ses plus grands ouvrages, où il est question de totalitarisme et de liberté. "Qu'est ce que le secret dont parle Levinas ? Interroge et résume au cours de l'interview Philippe Nemo. C'est le fait que ma vie n'est jamais intégrable dans une totalité objective. Ma vie n'est jamais identique pour moi, et dans la réalité telle que je la connais, à ce qu'en dira celui qui survivra après ma mort et en écrira, éventuellement, mon histoire. Il ne saisira, en effet, qu'un aspect de ma vie et aura sur elle une perspective éminement fausse. Dès lors une socialité respectueuse de la vérité de la vie humaine doit être toujours une socialité pluraliste. De là, la condamnation du ou des totalitarismes en tant que doctrines qui considèrent la société totalement ou globalement d'un point de vue, si l'on veut panoramique, et tel que de ce point de vue la vie des individus ne recèle plus de secrets, ou ne recèle plus que des secrets secondaires. Mais la conséquence est aussi, et c'est plus subtile, la condamnation de toute doctrine sociale basée sur un point de vue scientifique globalisant, même si cette doctrine n'est nullement totalitaire au sens ordinaire du terme, c'est-à-dire fondée sur la violence ou la toute puissance de l'état, c'est ainsi qu'est condamnable même un certain libéralisme ; c'est-à-dire celui qui ne défendrait la liberté que parce que la liberté serait plus efficace scientifiquement dans une société, notamment au plan économique, que la contrainte. Un tel libéralisme, en effet, ferait dépendre la liberté d'un principe objectif, d'un principe de savoir, et non pas du secret essentiel des vies, et la liberté ne serait alors que toute relative." "Autrui me regarde, et dans le sens où j'en suis responsable sans prendre de responsabilité, sa responsabilité m'incombe. C'est une responsabilité qui va au delà de ce que je fais", dit Emmanuel Lévinas dans ce second entretien avec Philippe Némo, où ils abordent ensemble les idées que le philosophe a développé dans son essai , Autrement qu'être ou au delà de l'essence : Lévinas fait ici de la morale une règle absolue, qui définit l'existence et la relation à autrui ; qu'il appelle la responsabilité-pour-autrui. Aux yeux du philosophe, l'expérience d'autrui se traduit par le visage, non pas au sens propre, mais comme l'expressif de l'autre, qui renvoie à sa responsabilité. La subjectivité est investie d'une responsabilité totale.
    "Il y un sentiment double devant le visage", explique le philosophe Jean-Michel Salanskis. "Autrui est en détresse, sa responsabilité m'incombe ; autrui est un maitre d'enseignement, sa parole est à écouter. Je suis dans ce double sentiment et c'est ce double sentiment qui est l'accès à autrui. Dans la vision Levinasienne on ne comprend rien à l'un et à l'autre si on ne le prend pas au niveau sentimental". FRANCE CULTURE

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