Denez Prigent Ar marv gwenn -La Mort blanche La Carène Octobre 2018 Brest Finistère France
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- čas přidán 31. 10. 2018
- Denez Prigent, né le à Brest dans le Finistère, est un auteur-compositeur-interprète français de chants en langue bretonne. Originaire de Santec, dans le Léon, ses genres de prédilection sont le kan ha diskan, chant et contre-chant à danser et surtout la gwerz, chant dramatique racontant un fait historique ou un conte emprunté à la mythologie bretonne ou celtique.
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La mort blanche
La neige qui tombe dans la cour
Le geai qui crie dans le jardin
La bise qui souffle dans les arbres
Me remettent en mémoire
Un évènement terrible
Un froid meurtrier qu’il y a eu dans le pays
Voici près d’un siècle
Emportant plus d’un million de personnes
Suffisamment pour composer un chant
Une Gwerz en leur hommage
Que j’ai appelée « La mort blanche » :
1
« -Qui frappe à ma porte si tard
Demandant à entrer
Qui frappe à ma porte avec insistance
Dites-moi, au nom de Dieu !
S’il s’agit d’un voleur, qu’il s’en aille
Ici ne vit qu’une vieille femme
Une vieille femme désœuvrée
N’ayant pour tout bien
Que désespoir et douleur,
Rien d’autre !
-N’ayez crainte
Je ne suis qu’un simple voyageur
Egaré et transi de froid
Cherchant un feu pour me réchauffer
Cherchant un feu et une chaise pour m’asseoir un peu
Ouvrez-moi la porte, je vous prie !
-La pierre de mon foyer est gelée
Et je n’ai plus de bois
Ni chaises, ni bancs
Je les ai brûlés pour me chauffer
Il ne me reste qu’une vieille planche
Sur laquelle se trouvent mes enfants
Enveloppés tous trois dans un même linceul
Mon époux étendu auprès d’eux
Ils ont été emportés par le froid ! ».
2
a)
Quiconque fut à Kerspouron
Aurait eu le cœur bien dur s’il n’eut pleuré
D’entendre à chaque coin de la ville
Siffler le vent glacé
Et grincer le chariot de l’Ankoù
Et tour à tour celui du fossoyeur
Et celui du fossoyeur tour à tour
Dans un « kan-ha-diskan » bien funèbre
Tous deux si lourdement chargés
Qu’il fallait deux chevaux
Deux chevaux et parfois quatre
Pour transporter les morts !
b)
Quiconque fut à Kerspouron
Aurait eu le cœur bien dur s’il n’eut pleuré
De voir devant le cimetière
Des cadavres entassés par centaines
La terre était devenue si dure
Qu’on ne pouvait les enterrer !
Et devant eux le prêtre désemparé
Ne pouvait leur donner l’extrême onction
L’eau bénite n’étant plus que givre dans le calice :
« Ô mon Dieu, quelle tristesse ! »
Il n’avait pas fini sa phrase
Qu’un vent terrible se leva
Emportant dans son souffle une pluie glacée
Aux gouttes tout aussi tranchantes
Que des éclats de verre brisé
Si bien qu’elles ne firent que charpie
De la soutane du prêtre
Il n’avait pas fini sa phrase
Qu’un vent terrible se déchaîna
Comme s’il fut venu tout droit de l’enfer*
Pétrifiant d’un coup le prêtre
Et les sacristains à ses côtés !
3
Là où habitaient sept cents personnes
Deux seulement survécurent
Deux seulement survécurent
Un couple d’une vingtaine d’années
Et cela grâce aux vêtements des victimes
Qu’ils utilisèrent pour faire un grand feu
Pour faire un grand feu « de joie »** sur la place du bourg
Le pire qu’il n’y eut jamais dans le pays.
Paroles, musique et traduction en français : Denez
* L’enfer est froid pour les Bretons (« an ifern yen »).
**Pour signifier « grand feu » en langue bretonne on utilise le mot « tantad ». Mais on l’emploie également pour dire « feu de joie ». On comprend mieux ainsi toute la tragédie du dernier vers.
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