CONTES ET LEGENDES DU MONDE : N'TAADON

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  • čas přidán 5. 09. 2024
  • N'TAADON
    Le roi de Kèlètiguila, revenant, un jour, accompagné d’un domestique, aperçut, couché et dormant dans la douve, au bord de la route, un enfant de quatre ou cinq ans. Il descendit de cheval, éveilla l’enfant, qui dormait, et lui demanda :
    - Que fais-tu là, mon enfant ?
    - Je ne sais pas, répondit-il.
    - Qui est ton père ?
    - Je ne sais pas.
    - Et ta mère ?
    - Je ne sais pas.
    - D’où es-tu ?
    - Je ne sais pas.
    - Quel est ton nom ?
    - Je ne sais pas, répondit-il toujours.
    Le roi dit à son domestique de le prendre en croupe sur son cheval, et ils continuèrent leur route vers Kèlètiguila.
    L’enfant fut appelé N’Taadon, ce qui signifie en langue Bamanan : Je ne sais pas.
    On l’envoya à l’école, au Caire, et il apprenait tout ce qu’on lui enseignait.
    Quand il eut vingt ans, le roi lui dit :
    - Te voilà assez instruit, à présent, et tu vas venir avec moi à Kèlètiguila.
    Et il l’emmena à Kèlètiguila.
    Le quinze du mois d’octobre, le roi et N’Taadon allèrent ensemble à la Foire, au Caire, et descendirent dans le meilleur hôtel de la ville.
    - Je suis content de toi, et je veux t’acheter une bonne épée, dit le roi au jeune homme.
    Et ils allèrent ensemble chez un armurier. N’Taadon y examina mainte belle et bonne épée ; mais, aucune ne lui plaisait, et ils s’en allèrent sans avoir rien acheté. En passant devant la boutique d’un marchand de vieilles ferrailles, N’Taadon s’y arrêta, et, remarquant une vieille épée toute rouillée, il la saisit et s’écria :
    - Voici l’épée qu’il me faut !
    - Comment ! Lui dit le roi, vois donc dans quel état elle est ! Cela n’est bon à rien.
    - Achetez-la-moi comme elle est, je vous prie, et vous verrez plus tard qu’elle est bonne à quelque chose.
    Le roi paya la vieille épée rouillée, qui ne lui coûta pas cher, et N’Taadon l’emporta, tout heureux de son acquisition; puis, ils retournèrent à Kèlètiguila.
    Le lendemain, N’Taadon, en examinant son épée, découvrit sous la rouille des caractères à demi effacés, mais qu’il parvint pourtant à déchiffrer. Ces caractères disaient : « Je suis l’Invincible ! »
    A merveille ! Se dit N’Taadon. Quelque temps après, le roi lui dit :
    - Il faut que je t’achète aussi un cheval.
    Et ils se rendirent tous les deux au Caire, un jour de foire.
    Les voilà en champ de foire. Il y avait là, certes, de beaux chevaux, de Léon, de Tréguier et de Cornouaille. Et pourtant, N’Taadon n’en trouvait aucun à lui convenir, si bien que le soir, après le coucher du soleil, ils quittèrent le champ de foire, sans avoir rien acheté.
    Comme ils descendaient la côte de Saint-Nicolas, pour rentrer en ville, ils rencontrèrent un Cornouaillais menant par un licol de chanvre une vieille jument fourbue et maigre comme la jument de la Mort. N’Taadon s’arrêta, la regarda et s’écria :
    - Voici la jument qu’il me faut !
    - Comment ! Cette rosse ? Mais regarde-la donc ! Lui dit le roi.
    - Oui, c’est bien elle que je veux, et pas une autre ; achetez-la-moi, je vous prie.
    Et le roi acheta la vieille jument à N’Taadon, tout en protestant qu’il avait de singuliers goûts.
    Le Cornouaillais, en livrant sa bête, dit à l’oreille de N’Taadon :
    - Voyez-vous ces nœuds, au licol de la jument ?
    - Oui, répondit-il.
    - Eh bien, chaque fois que vous en déferez un, la jument vous transportera immédiatement à quinze cents lieues de l’endroit où vous serez.
    - Fort bien, répondit-il.
    Puis, N’Taadon et le roi reprirent le chemin de Kèlètiguila, avec la vieille jument. Chemin faisant, N’Taadon défit un nœud du licol, et aussitôt la jument et lui furent transportés, à travers l’air, à quinze cents lieues de là. Ils descendirent au centre de Marrakech.
    Quelques mois après, le roi de Kèlètiguila vint aussi à Marrakech, et rencontra N’Taadon, par hasard.
    - Comment ! Lui demanda-t-il, est-ce qu’il y a longtemps que tu es ici ?
    - Mais oui, répondit-il.
    - Comment donc y es-tu venu ?
    Et il lui raconta comment il était venu si vite à Marrakech.
    Ils allèrent ensemble saluer le roi, dans son palais. Le roi connaissait le roi de Kèlètiguila, et leur fit bon accueil.
    Une nuit, par un beau clair de lune, N’Taadon alla se promener, seul avec sa vieille jument, hors de la ville. Il remarqua, au pied d’une vieille croix de pierre, dans un carrefour, quelque chose de lumineux. Il s’approcha et reconnut une couronne d’or, garnie de diamants.
    - Je vais l’emporter, sous mon manteau, se dit-il.
    - Gardez-vous-en bien, ou vous vous en repentirez, dit une voix venue il ne savait d’où. Cette voix, qui était celle de sa jument, se fit entendre jusqu’à trois fois. Il hésita quelque temps et finit par emporter la couronne, sous son manteau.
    Le roi lui avait confié le soin d’une partie de ses chevaux, et, la nuit, il éclairait son écurie avec la couronne, dont les diamants brillaient dans l’obscurité. Ses chevaux étaient plus gras et plus beaux que tous ceux que soignaient les autres valets, et le roi l’en avait félicité souvent, de sorte qu’ils étaient jaloux de lui.
  • Zábava

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