L'île des esclaves de Marivaux EN FRANÇAIS DANS LE TEXTE

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  • čas přidán 10. 09. 2024
  • Une émission 26/09/2020 de France culture Olivia Gesbert
    Aujourd’hui : « L’Île des esclaves » de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, plus connu sous le simple nom de Marivaux.
    Puis, vous pourrez vous essayer à la Grande dictée de Rachid Santaki. Aujourd'hui, dans le cadre du week-end spécial Liban sur France Culture, les mots de l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, le père de Léon Africain, s’envoleront vers vous. L'invité, le boxeur Souleymane Cissokho prendra note, parlera de son rapport à langue et de son actualité.
    Enfin, vous découvrirez l’anagramme d’Etienne Klein, le jeu de mots de notre malicieux physicien.
    " L'île des esclaves " de Marivaux
    Marivaux est surtout connu pour ces textes sur l’amour : " Les Fausses confidences ", " Le Jeu de l’amour et du hasard ", " La Double inconstance ".
    À regarder ce minuscule Livre de Poche à la typographie très aérée, on se dit que cette petite « comédie en 1 acte et en prose » - onze scènes qui dépassent tout juste les trente pages - n’a pu être pour son auteur qu’une esquisse ou un bref passe-temps. Venant de lui, on s’attend à un air de marivaudage, cet art subtil de la conversation galante...
    Publiée en 1725, on imagine enfin que cette comédie arrive à point nommé, répondant à l’atmosphère légère de «ces années folles» qui suivirent la mort du vieux Roi-Soleil.
    La surprise vient du titre : « L’Île des esclaves » ! Il rappelle les codes de l’utopie ou du roman d’aventures… Mais, après tout, pourquoi pas ! Rappelons que Marivaux était le contemporain de Daniel Defoe et de Jonathan Swift. Le rideau se lève d’ailleurs sur un décor banal, à l’exotisme abstrait, tout à fait propice aux aventures d’un Robinson échoué là auprès de Vendredi : « Le théâtre représente une mer et des rochers d’un côté, et de l’autre quelques arbres et des maisons ». Un naufrage vient justement d’avoir lieu, et deux rescapés entrent en scène…
    Mais voilà que cette petite comédie déjoue très vite nos attentes. Nul « marivaudage » : le motif amoureux, sans enjeux sentimentaux, n’est abordé qu’en passant et sur le mode de la parodie (scènes 6 à 8).
    Pour l’aventure et l’utopie, c’est aussi raté !
    En réalité, sur cette île, où s’échouent Iphicrate et son valet Arlequin, les maîtres arrivant de l’étranger étaient autrefois mis à mort. Imprégné du sang de ces anciennes luttes sociales, ce « bord » que foulent les personnages se teinte soudain d’une couleur plus racinienne que romanesque, plus tragique qu’utopique.
    La pièce raconte une mise à l’épreuve, celle de quatre personnages marchant en duo :
    - Iphicrate, dont le nom affiche l’origine athénienne, et son valet Arlequin, type du bouffon à l’italienne, d’une part
    - Euphrosine, également grecque, et sa suivante Cléanthis, d’autre part.
    Et c’est Trivelin qui va les accueillir sur cette plage avec quelques autres habitants de l’île, et leur expliquer le défi qui les attend : une inversion des rôles : sur cette île, les esclaves deviennent les maîtres et les maîtres, les esclaves.
    De ce substrat, qui paraît assez basique, surgit une crise sociale et morale très profonde, où s’engagent de douloureuses épreuves psychologiques (tous les personnages finissent par pleurer à la scène 10 !). Vous entendrez notamment l’humiliation des maîtres et la rancœur des valets.
    Si il s’agit bien d’une comédie, le rire y est cependant ambigu. Dans la notice de l’édition de la Pléiade, Henri Coulet et Michel Gilot ajoutent : « Aucune pièce de Marivaux n’a plus de "philosophie", aucune n’a plus de " théâtralité " ; tout y est sens et tout y est jeu ».
    Tout en remplissant leur fonction de scènes d’exposition, Les deux premières scènes, que vous allez entendre, concilient ce double registre : la fiction théorique et le rire que procure le «jeu», le sourire distancié du divertissement théâtral. Elles constituent un lieu de « nulle part » à valeur réflexive.
    Extrait (audio - à l'antenne) de L’île des esclaves, Scènes 1 et 2, mise en scène par Simon Eine, à la Comédie Française, en 1973, avec Jacques Destoop (Iphicrate), Dominique Rozan (Trivelin), Yves Pignot (Arlequin), Tania Torrens (Euphrosine) et Catherine Hiegel (Cléanthis).
    Extraits (vidéo) de L'île des esclaves sur une mise en scène d'Irina Brook à l'Atelier Théâtre, avec Lubna Azabal, Alex Descas, Stephanie Lagarde, Sidney Wernicke and Fabio Zenoni
    Analyse réalisée par Cyril Chervet, professeur au Lycée Molière à Paris et Patrick Laudet.
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