Que penser des sensitivity readers ?
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- čas přidán 19. 09. 2023
- Depuis quelques années, un nouveau métier débarque dans le monde de l’édition en France, les Sensitivity readers, ou lecteurs en sensibilité
Ce sont des consultants qui relisent les manuscrits avant publication afin de relever les contenus racistes, sexistes, offensants envers les minorités, choquants…
Evidemment, ce métier nous vient tout droit des Etats-Unis.
Axel Sénéquier - Zábava
Avis intéressant sur les lecteurs en sensibilité mais je ne suis pas d'accord, je vais tenter d'expliquer. Déjà comme vous l'avez dit, en règle générale les auteurs qui écrivent sur tel ou tel sujet font vérifier à des pros de ce dit sujet, ou bien le cas échéant font des recherches conséquentes dessus (c'est aussi le boulot de l'écrivain : s'il ne le fait pas le livre sera probablement mauvais) à quoi bon passer par les SR (c'est cocasse à une lettre près c'est autre chose) alors ? Pour ce qui est des contenus choquants, racistes etc, ça peut aussi être "voulu" : ex si on fait du réalisme qui se passe au USA dans les années 60, il y a de grande chance qu'il y ai du racisme... La limite comme toujours c'est quelque chose qui est dans la loi : incitation à la haine, au génocide , antisémitisme, racisme clair (type pamphlets) - ca c'est pénalement punisable donc encore une fois les SR n'ont rien à faire la dedans. On comprend bien ce que c'est en réalité : "offensant" c'est assez large et vu la fragilité ambiante et le manque de recul, ça sert aux maisons comme tu l'as bien dit : "à éviter les polémiques/cancels/boycott" etc. qui sont monnaies courantes aujourd'hui. C'est naif de croire que le choix final sera laissé à l'écrivain. On se doute bien qu'il va être un peu "poussé" à modifier certains passages "car tu vois, nous on sait ce que tu veux dire mais les gens peuvent mal l'interpréter et nous on veut pas de problèmes" ; ce n'est pas une censure brute mais douce, et même auto-censure directement de l'auteur (ce qui bride la liberté artistique à mon sens). Donc au mieux les SR ne servent à rien, au pire ils "incitent" à des modifications pour éviter les ennuis. Encore une fois ça part d'une bonne intention mais le résultat final est potentiellement restrictif voir dangereux à l'extrême. Et petite remarque également sur les fameux hommes hétéro blancs occidentaux écrivain, c'est plutôt vrai (même si ça la fous mal pour les talentueuses écrivains de toute les époques) mais ont devrait surtout dire qu'il y a eu des écrivains H et F (avec majorité H) qui étaient tous riches. Après lorsqu'on est homme blanc hétéro on peut parler d'autre chose que les hommes blancs hétéro et vice versa. Ex : Les Mémoires d'Hadrien, empereur romain, écrit par M.Yourcenar une femme lésbienne du 20e siecle... J'ai l'impression qu'on s'interresse de plus en plus à la couleur de peau, ou de ce qu'il y a entre les jambes que l'oeuvre elle même de nos jours.(mais bon je dois surement être réac... ^^). Désolé si j'enfonçe des portes ouvertes mais on ne m'a pas demander mon avis non plus décidément, alors je le donne ! c'était pour compléter ton propos. Très bonne chroniques par ailleurs ! pouce
Merci pour ta réponse, je suis toujours heureux quand mes chroniques suscitent le débat.
Il est toujours possible de présenter la nature humaine dans tous ses aspects dans les livres. Il peut évidemment y avoir des personnages racistes, sexistes... C'est de la fiction, heureusement que l'artiste a le droit d'inventer ce qu'il veut.
Je pense que l'époque évolue et qu'on s'est rendus compte des décalages entre ce qui est représenté dans les œuvres et le monde tel qu'il est. Il me semble sain que les artistes s'interrogent sur leur rôle et la vision du monde qu'ils véhiculent. Est-ce que la société est sexiste donc les œuvres le sont... ou bien est-ce l'inverse ? Je répondrai par : la poule ou l’œuf ? En tout cas, en tant qu'écrivain, je m'interroge sur mon travail, la représentation du monde que j'ai, celle que je mets dans mes livres. Est-ce que la littérature est politique ? En tout cas l'art contribue à façonner les consciences.
Au plaisir !
Axel
Desolé, mais non, votre exemple de la juge n'est pas comparable à celui d'un lecteur sensible (notez déjà qu'il n'y a même pas de nom francais pour ça. C'est dire leur respect de la litterature... Bref) un juge fait autorite dans son metier. Il a fait des etudes et fait ses preuves. En quoi un ado woke (OK j'en fait beaucoup) pourrait se pretendre expert dans un domaine et louer ses "services" parce que sa voix fait autorité dans un domaine completement abstrait et subjectif quitte à dénaturer la pensée d'un auteur ?
D'autre part, d'un point de vue global, les lecteurs sensibles gomme ce qui est négatif. Ils arrindissent les angles et font preuve de pensee positive. Sauf qu'à force de cette pratique (en grossissant le trait encore une fois) on perdra les mots negatifs qui servent aussi à une pensée critique.
Pour moi les SR s'approchent du ministère de la vérité de 1984.
Je pense que tout ce qui incite à nourrir la réflexion d'un écrivain ou d'une écrivaine est bon à prendre. Je les appellerais d'ailleurs plutôt les Consultants en diversité. A mon sens, la littérature reflète le monde et le monde doit se sentir pris en compte dans la littérature.
Les SR identifient des choses qui peuvent poser problème, mais l'auteur, en dernier recours, décide. Dans ce sens, ce n'est pas de la censure.
Enfin, je ne pense pas que cela affadisse un discours ou une pensée critique, cela permet au contraire de sortir d'un discours uniforme. A condition, je te rejoins, de ne pas tomber d'un excès dans l'autre.
Parmi tous les gens que je connais qui écrivent, je suis le seul à défendre les SR... mais c'est pas grave ;-)