pt1. 0:00 [Musique] 0:06 Bonjour! Elgas, 28 ans, journaliste et 0:11 apprenti sociologue, meneur de jeu sur 0:14 le déclin, et pour ne rien arranger aussi supporters, 0:16 martyrs d'arsenal. Je les cumule les tares. 0:20 Mais, j’essaierai de répondre à 0:22 vos questions avec…avec sincérité et charité. Voila. 0:26 [Question 1: A quoi jugez-vous la justesse d’une phrase? (Mohamed) 0:35 Ah! C’est une question presque 0:36 prophétique, là. Alors, à quoi juge ton la 0:39 justesse d'une phrase? J’ai envie dire 0:42 à sa musicalité, à son rythme. 0:46 Quand on à l’oriente tout petit peu 0:49 musicale, Quand on juge juste 0:51 en le son, c'est quelque chose qui tombe 0:55 juste dans les bonnes tonalités est dans 0:58 les bons angles. Et je pense qu'à 1:00 la littérature n'est pas 1:01 tellement différent de ce modèle 1:03 là, et de c’état d'esprit. Une belle 1:06 phrase c'est une phrase pas forcément 1:09 percutante, pas forcément, je compte, 1:12 naturellement. C’est une phrase, 1:14 naturellement en français, assez bien 1:16 construit qui soit agréable à l'oreille 1:17 et qui soit harmonieuse. L’harmonie est 1:21 le maître mot. c'est que tout soit bien 1:24 agencé, que ce soit agréable et que le 1:29 lecteur qui tombe dessus soit un tout 1:33 petit peu conquis tenu par le col et un 1:36 tube qui entraîner pour aller dans 1:38 en profondeur dans le livre. Je pense que 1:41 c'est… 1:41 c'est tout à fait essentiel. 1:44 Moi, par exemple, quand j'écris, j'écris à l’instant. 1:45 À l'instant c'est à dire, 1:49 Je n’ai pas de rituel attitré, comme 1:52 beaucoup d'écrivains qui se réveille à 1:54 telle heure qui écrivent avec 1:55 potentiellement des amulettes et des habitudes. 1:57 Je pense que je suis dans mon 1:59 canapé 2:00 Il ya quelque chose qui me vient. 2:02 Il y a l’entaille! [There’s the rip!] 2:03 C’est à dire l'ouverture. 2:06 Et je fonce dedans. 2:06 Voilà! C’est pourquoi l'allégorie musicale 2:09 me paraît si particulièrement 2:12 juste 2:13 est particulièrement opportun à invoquer 2:16 pour parler de ça. « La phrase juste, » c'est, 2:19 c’est ça, c'est surtout le début de phrase 2:20 quand Céline commence, « Voyage au bout de la nuit », 2:25 il me semble, par « L’amour 2:27 c'est infini jeté à la porte 2:30 des caniches ». Je veux dire, c’est à la fois 2:32 d’un cynisme, mais d'une jovialité, 2:35 d'une beauté ça touche le nerf du lecteur. 2:39 Et forcément les émotions sont 2:41 immédiates et donc c'est ça on peut 2:43 trouver des phrases à l'infini dans le 2:46 roman classique on commence très très 2:48 souvent par les descriptions. L’éruption, 2:50 elle est un peu différé. On commence 2:52 par présenter les choses 2:54 C’est tout à fait ça. Alors, on a 2:57 Proust. 2:57 La phrase qui ondoie, la phrase qui 3:01 respire, le stylisme. Moi j'aime beaucoup 3:03 Pierre Desproges, qui est un humoriste 3:04 qui exagère d'ailleurs avec ce côté où 3:07 les gros mots vient taquiner les petits 3:09 mots pour avoir cet effet à la fois de 3:12 sonorités mais aussi de classicisme. 3:15 Voilà, et c'est un spectre très large. 3:17 On peut trouver de très très belles 3:18 phrases à l’Europe, par exemple. 3:20 On peut trouver de belles phrases en littérature 3:22 dans le journalisme. 3:23 Voilà. Il n'y a pas forcément de recettes 3:26 ou d'ingrédients qui soit parfait pour 3:29 parler la phrase juste mais je pense que 3:31 c'est à la libre appréciation du lecteur 3:34 de ce que ça suscite. Donc, la question 3:37 est très très vaste, très difficile pour 3:41 un auteur parce qu'il faut une version 3:43 tout petit peu 3:45 du cians. Mais, je dirais ça, l'harmonie. 3:49 On restera sur ce mot pour terminer. 3:50 L’harmonie. 3:52 Question 2: Quel est le point commun de vos écrits et de vos lectures? (Dinga) 3:58 Qui! [ Yes! ] 4:02 On est lecteur! On est lecteur avant d'être-j’aime pas beaucoup le mot 4:05 « écrivain » parce qu'il me terrifie. 4:08 Je commence modestement à une toute petite carrière. 4:10 Je ne sais pas de quoi elle sera faite. 4:12 Donc, le terme 4:14 ‘écrivain’ me terrifie, même si, par la force des choses, 4:16 il paraît que j'en suis un. 4:18 Mais, on n'est pas écrivain sans être un lecteur. 4:21 Les lectures font l'écriture, en de manière générale. 4:26 On consomme beaucoup. 4:28 Après, on essaie de transmettre à son tour. 4:31 Il y a quelque chose assez simple. 4:34 Si on écrit sans beaucoup lire, il y a un risque 4:37 assez immédiat, ça s'appelle le 4:38 pédantisme. Alors, le pédantisme c'est 4:40 flotter dans la grandeur des mots sans 4:43 avoir la légitimité et l’épaisseur pour les 4:46 couvrir entièrement. 4:49 Donc, lire, fondamentalement, c’est écrire. 4:52 Moi, je suis je suis je suis issu d'une famille 4:54 de lettrés. Ma mère, le matin, en finissant 4:58 sa prière musulmane a déclamé « Ya-Sin » 5:01 ait embaumé la maison de cette 5:03 bienveillance coranique et spirituelle 5:05 et le soir, elle nous déclarait « Le Cid » de 5:09 Corneille. 5:09 Voilà, j'ai grandi dans ça. Mon père 5:11 écrivait beaucoup des discours. Il corrigé 5:14 des manuscrits. 5:15 II avait une appétence pour la 5:17 littérature qui était extraordinaire. 5:19 Donc, l’inclination naturelle pour la lecture, 5:21 elle est d'abord familiale. Et ensuite, 5:23 épisode assez fondateur, assez marquant, 5:27 j'arrive en France. J’ai 17 ans. J’échoue 5:30 dans une… 5:31 dans une chambre-de-bonne à Nice, 5:34 où la solitude, le froid, le dépaysement- 5:37 toute chose inhérentes, finalement, à l'exil- 5:39 viennent me frapper dans une prostration 5:42 totale. Donc, la lecture devient un tout 5:45 petit peu un refuge. Et je commence à lire, 5:47 mais, de manière acharnée, 5:49 comme…dans une quête de réalisation par 5:53 une autre voie que par ses voies 5:55 insondable de l'immigration. Et je tombe 5:57 dans Balzac. Je tombe dans Régis Debray. Je 6:00 tombe dans Desproges. Je tombe dans Césaire. 6:02 Je tombe dans Senghor. Je tombe dans Tolstoy. 6:05 Je faisant citer encore beaucoup. 6:07 Et voilà! Et là, je vois l'humanité 6:11 disséquée dans toutes ses formes. 6:13 Alors, le style, le côté percutant de la 6:16 pensée, les descriptions, leur finesse, 6:18 l'affinement de la phrase-dont on 6:20 parlait l’instants précédant. Tout ça 6:23 me transporte et finalement ça devient 6:26 mes compagnie il ya plus bienveillante 6:28 et les plus chaleureuses. Et j'ai 6:29 commencé comme ça moi aussi à écrire, 6:31 ouvrir une toute petite fenêtre dans le 6:34 monde pour communiquer son histoire dans 6:36 la grande histoire. 6:37 Ça commence par une petite page de 6:39 blogue à contient, naturellement. Et après, un 6:42 aboutissement heureux avec le livre que 6:45 je viens de faire, « Un Dieu et des Moeurs », 6:46 chez Présence Africaine. 6:48 Donc voilà! Je pense qu'il n'y a pas 6:50 d’écrivains sans lecture. C’est le risque de 6:53 l'imposture, c’est le risque de 6:54 l'illégitimité et les auteurs seraient 6:56 bien inspirés de beaucoup lire. Ça formera 6:59 deux choses essentielles. 7:00 L’humilité-on sait qu'on n'obtiendra 7:03 jamais les sommets que d'autres tutoyer, 7:07 tout simplement. 7:09 Et puis, deuxième chose-tout a été plus 7:12 ou moins dit. Nous sommes que des 7:14 récréateurs. On créé des choses qui 7:17 existent que d'autres ont dit qu'on ne 7:19 connaissent pas forcément. 7:20 C’est pourquoi la chose la plus 7:22 importante, je pense, à la littérature, 7:23 c'est de déroger un peu cadre, de ne 7:27 pas rentrer dans le moule, de sortir un 7:30 tout petit peu pour essayer de créer une 7:31 originalité. C’est la seule manière qu'on 7:33 peut avoir… d'avoir, peut-être, une 7:36 postérité-même si c'est une ambition 7:38 bien grandiose et souvent vaine. 7:40 Mais, d’avoir quelque chose à soi, 7:42 dans la grande symphonie du monde 7:44 a porter sa note. 7:45 Voilà. On sait pourquoi la lecture c'est 7:47 très très important. C’est un couple qui 7:49 cheminent ensemble 7:50 et en parallèle éternel. Il y a jamais de grands 7:53 écrivains, Il y a jamais de grands auteurs 7:56 sans grands lectures. Et c'est très très 7:59 important d'insister, à ce là-dessus, on 8:01 peut penser après avoir écrit, être 8:04 finalement au niveau des plus grands, 8:07 et là on se fourvoie mais totalement, 8:08 Il faut toujours revenir à la lecture- 8:12 sève nourricière, mais aussi plaisir, 8:15 tout bonnement. C’est tout bête en. 8:17 Lire pour le plaisir! Lire pour s'éduquer! 8:20 Lire aussi tout simplement pour se 8:23 divertir. 8:24 Lire des choses qui ne sont pas 8:25 forcément uniquement dans la littérature, 8:27 à la sense social, pour essayer de 8:29 se charpentier une vraie pensée. 8:31 Voilà! Le spectre est large. Je pourrait 8:33 continuer à en parler sans doute des 8:35 heures. Voilà! C’est un cheminement 8:39 commun. L’un ne va pas sans l'autre. 8:41 Lecture et écriture, c’est les deux pages 8:42 sur lesquelles on danse et on marche. 8:45 C’est peut-être notre condition humaine 8:47 qui revient.
pt2. 8:48 Question 3: L’écriture selon vous: Narcissisme ou mascarade (jeu de masques)? (Pierre) 8:55 Oui, alors! Monsieur connais très très bonne 8:58 question, qui, comme j'aime souvent, 9:00 désacralise un tout petit peu les littératures. Je répondrai à l’os, 9:04 mais vraiment franchement, les deux 9:07 mon capitaine-mascarade et narcissisme. 9:10 Mais, le narcissisme c'est une condition 9:11 inhérentes, malheureusement, à l'humanité. 9:13 Le problème c'est de pas de pas ne pas 9:17 n’abuser. On est à l'époque triste de 9:21 « selfie », du Soi. À la grande fenêtre de 9:25 l'histoire, malheureusement, on y participe 9:27 on essaie de pas en faire trop. 9:30 La mascarade aussi, ça fait partie de tous, 9:34 de tous ces petits sentiments qu'il y a 9:36 à la palette de l'écriture. On écrit 9:38 pour transmettre des émotions. Il y a par chance 9:40 cette phrase d’un auteur que j'aime 9:42 beaucoup, qui est mon mentor, parental. 9:45 C’est Régis Debray. Voilà. « L’écriture, 9:48 c'est transmettre des émotions et 9:51 essayer de faire penser. Voilà. Si on 9:53 touche au premier on a touché le but. 9:56 Si on touche au deuxième on a touché le graal. » 9:58 Et cantonné dans le narcissisme, 10:00 Il faut toujours un tout petit peu 10:02 donner de soi dans un texte, toujours 10:05 payer de soi même un tout petit peu. 10:07 Ça donne corps à la pensée. La littérature 10:09 ne peut pas être une création ex nihilo, 10:11 et ne peut pas [être] une création extérieur. 10:15 Sinon, on fait un jeu de langue qui peut être 10:17 particulièrement beau, particulièrement 10:19 extraordinaire, sans doute, mais, il faut 10:22 toujours ouvrir un tout petit peu de 10:24 fenêtres parce que, 10:26 la plume que l’on tient, 10:27 c'est pas juste le prolongement du bras 10:30 ou de la main. C’est le prolongement de 10:32 quelque chose qui est beaucoup plus 10:33 intime. 10:34 C’est le coeur. C’est le cerveau. 10:36 C’est l’harmonie de nos entrailles qu’on 10:39 filtre par notre pensée. 10:41 C’est ça qui est important. 10:43 C’est pourquoi la question elle est importante 10:45 parce que, mascarade, oui, on s'amuse. 10:49 La mascarade c'est une sorte d'amusement. 10:50 Alors, dans les beaux jours, on tombe sur 10:53 un public qui est disposé à rire 10:55 et là c'est absolument formidable. Et dans 10:59 les mauvais jours il ya des gens, 11:00 dont c'est par le goût, dont c'est par la 11:02 sensibilité, qui éructe. Mais, c'est une 11:04 partie du jeu, comme on dirait ma pauvre 11:07 Lucette. Faut accepter de pouvoir 11:10 chagriné, de pouvoir blessés, de pouvoir 11:12 choquer. Je pense que l'un des seul 11:16 filtre on dispose en tout petit peu l’écrivains, 11:19 c'est le filtre de l'élégance, la 11:21 classe du tact et du panache. 11:23 C’est très difficile à atteindre mais il 11:25 faut toujours essayer de tendre vers ça, 11:28 parce que ça, comment dirais-je, ça 11:32 expurge toute charge négative 11:34 et puis on s'adresse à l'intelligence 11:36 des gens, on ne s'adresse pas, forcément, à 11:38 leur sensibilité, je veux dire, bestial. 11:40 On pense que les 11:43 gens qui vont nous lire sont des gens 11:44 absolument intelligente et ce n'est pas 11:46 dans une démarche de prosélytisme. 11:49 On laisse ça à l'époque, 11:51 je veux dire, aux martyrs- il y en a assez, peut-être trop. 11:53 Voilà. On s'adresse à 11:56 l'intelligence des gens en essayant de 11:57 leur dire, « on vous confie en texte. 12:00 Il vous appartient. Vous en fait à peu près 12:01 ce que vous voulez. Voilà. Si on a suscité 12:04 quelque chose en vous, que ce soit du 12:05 dégoût, de l'admiration, dans tous les 12:07 manières de toutes les manières on aura 12:09 touché quelque part en buts. » 12:11 Donc, mascarade et narcissisme, 12:13 malheureusement, des contraintes de notre 12:15 époque inhérentes à l'humanité, ne pas en 12:17 être prisonniers mais, en faire une base 12:19 pour essayer de conquérir autre chose. 12:22 Ce sera ma réponse définitive à côté. Très 12:23 Très bonne question!
pt3 12:25 Question 4: Quels auteurs considérez-vous comme vos maîtres? (Philippe) 12:30 Ah! Philippe [Ingalagois] sommes dit vaguement quelque chose. 12:34 Oui! Très bonne question! 12:36 Quelles auteurs sont mes maîtres? 12:38 Il y en a beaucoup il y en a beaucoup, Il y en a beaucoup. 12:40 Je n'ai cité d'ailleurs quelques-uns. 12:42 Alors je devais faire une hiérarchie-ce 12:46 qui se fait pas parce que ils se valent tous. 12:48 Ils m'ont procuré égale un dose 12:52 d'admiration, sève nourricière, 12:54 alimentation de la pensée, 12:58 un style un tout petit peu plus affûté. 13:01 Je leur dois certainement tout parce qu'ils ont un 13:03 tout petit peu balisé 13:04 cette vocation qui entraîne être d’écrire. 13:07 Je mettrais [?quand même?] en tête quelqu'un 13:10 d'assez improbable, qu'on ne citerai pas 13:12 forcément dans les salons littéraires et 13:14 qui pour moi est un styliste absolument 13:17 formidable. C’est Pierre Desproges. 13:19 Pierre Desproges, il est mort en 1988, 13:22 l'année de ma naissance, arraché par le 13:25 cancer, cette maladie sordide qui clôt 13:27 l'horizon de beaucoup de talent 13:28 malheureusement, et Pierre Desproges 13:32 savaient vivre, savait faire rire et 13:34 savait émouvoir par la force du style et 13:38 par sa manière de tourner en dérision 13:40 les choses. La férocité, l'acidité n’a 13:43 basculé jamais dans la grossièreté et 13:45 avait un équilibre. On parlait 13:47 d'harmonie dans la première question, de 13:49 musicalité et j'y trouvais tout ça en 13:51 fait tout ce que j'aime a été dans Desproges. 13:52 C’est à dire la belle langue, 13:54 les idées un tout petit peu original et 13:57 qui sortent un tout petit peu du moule. 13:59 Il avait ce dégagement, par exemple, des 14:03 forces qui gouvernent forcément la masse 14:05 sans aucun mépris de ma part et il 14:07 avait cette ironie fine comme un 14:10 [?déposoir?] qui absolument formidable. 14:13 Après, je vais les citer pêle-mêle. Je suis 14:15 née en littérature chez Balzac. Chez 14:18 Balzac de manière assez assez 14:20 particulière, d'ailleurs je me rends 14:21 compte que c'est pas Balzac que je 14:22 vénère, mais un de ses personnages, qui 14:24 s'appelle Jacques Collin, qui apparaît 14:26 dans trois livres, « Splendeurs et misères 14:28 des courtisanes », « le Père Goriot », et « Ilusions 14:30 perdues », plus connu sous le nom de « Vautrin ». 14:32 Alors, personnage hors des clous, on va 14:36 dire sociaux, personnage grandiose qui 14:39 s'élèvent contre les conventions de la 14:40 société et qui propose aux jeunes 14:44 aspirants à la célébrité, des marchés 14:46 sordide pour les aider à conquérir leurs rêves. 14:49 Voilà, et je suis tombé dans ça. 14:51 J’avais 17 ans. J’étais à Nice. 14:53 Et je me suis dit, ‘Ah! Ouais. Moi, je me rêve en Vautrin.’ 14:56 Voilà, ce que j'ai envie de faire. 14:58 Après, j'ai trouvé le raisonnement de la colère. 15:01 J’entre moins bien porté par Césaire, 15:04 Césaire, « Le Discours sur le colonialisme », 15:06 absolument formidable. J’ai fais un détour 15:09 chez Garcia Marquez-absolument indispensable. 15:14 La littérature sud-américaine, absolument 15:17 extraordinaire-Borges, Lyndsey Lohan[?]. 15:20 Je suis prononçant de ce mal parce que 15:22 j’essaie de coller à l'accent espagnol 15:24 mais, ça ne fait pas trop. Mais voilà! 15:26 Et puis Tolstoy. Je veux dire, les grands 15:28 classiques français qu'on a choqué, on a 15:31 échappé quand on était élève parce que 15:34 c'était ardu, mais qu'on aura découvert 15:36 quand on est plus grand et qu’on 15:38 redécouvre avec bonheur, avec le choix 15:40 personnel d'aller vers eux. Et puis les 15:43 auteurs contemporains. Je suis très 15:45 heureux parce que je pense que vraiment 15:48 sur la scène littéraire africaine c'est 15:51 vraiment une voix assez singulière, c'est 15:53 Sami Tchak. Sami Tchak me procure des 15:56 joie absolument formidable. Tierno 15:58 Monénembo! Alors même Fatu Diome, sur qui 16:00 j'ai eu des mots très très durs, j'ai trouvé 16:03 aussi que son style était 16:05 particulièrement… particulièrement affûté. 16:08 Il ya cette musicalité là et a cette 16:10 dandysme au féminin que j'aime 16:12 particulièrement. 16:13 Alors, il ya un proverbe Wolof que 16:15 j'aime beaucoup c'est que, « quand on cite 16:17 des noms on en oublie sans doute 16:19 quelques un. » et ce proverbe wolof ça dit, 16:22 Voilà et donc je 16:25 m'arrêterai là. J’en ai oublié beaucoup 16:27 mais je pense avoir cité l'essentiel des 16:29 gens qui ont été mes amants, mes muses, mais 16:35 conseillées et puis mes compagnons des 16:37 insomnies terrible d'adolescents esseulé 16:40 dans l'aventuré de l'émigration. 16:42 Question 5: Pensez-vous connaître/comprendre mieux que les autres la nature humaine? (Violaine) 16:48 Alors, question très profonde de 16:52 Violaine. Très spirituelle à laquelle, 16:54 naturellement, je pose mon droit à la 16:58 modestie qu’il n'est pas feinte. 16:59 Je ne saurais pas répondre à cette 17:00 question. Je [suis] tenté de dire d'abord, ni 17:04 l'un ni l'autre connaître la nature 17:05 humaine. Quelle odieuse prétention. Quelle 17:08 odieuse prétention. L’humanité a des 17:11 millions d'années. Le mystère de 17:13 l'humanité reste toujours entiers. 17:15 Donc on n'arrive pas à le percer. En tout 17:18 cas on peut essayer, on peut essayer. 17:20 Et d'ailleurs on se gêne pas le faire et 17:22 les sciences sociales et à la 17:23 littérature et à la médecine et à les 17:24 sciences et à la religion il ya les 17:26 spiritualités, les différents ordres qui 17:29 essayaient de pénétrer la nature de 17:31 l'homme pour essayer d'en tirer le 17:33 meilleur 17:33 mais, malheureusement, quand on en tire le meilleur, 17:35 on en tire aussi le pire à quelques uns. 17:36 Connaître mieux que les autres…. 17:38 encore moi! Les autres, c'est qui que? 17:41 Avec un gar. Ah! Non! Je pense que cette 17:45 question là ça peut être une très belle 17:47 question de philosophie pour les, les 17:49 étudiants de Normale Sup(érieure) ou Des Grandes 17:52 Écoles parce que c'est une 17:54 question absolument absolument à 17:57 difficile. En tout cas ,ce que j'essaie de 17:59 faire, je pense qu'on n'est pas un bon 18:00 auteur si on n'est pas un bon observateur. 18:05 Balzac disait qu'il était le nomenclateur 18:07 et le secrétaire du 19e siècle. 18:13 C’est très important dans la comédie 18:16 humaine, les psychologies humaines sont 18:18 étudiées assez finement. Chez Tolstoy on 18:20 retrouve ça. À littérature russe de manière 18:22 générale on retrouve ça. 18:24 À littérature anglo saxon on retrouve ça 18:26 chez Philip Roth, chez Stephen King. On retrouve 18:29 beaucoup de ça, essaie d'accoucher de l'homme. 18:31 Il y a Descartes, et sa [m??tique] 18:33 socratique plus tôt, et Descartes. 18:36 Et le doute, le cartésianisme 18:40 de Descartes. Mais, toutes ces choses là et 18:42 beaucoup d'autres essaient d'accoucher 18:44 l’homme de quelque chose mais je pense pas 18:48 qu'on en arrivera un jour à un résultat 18:50 formidable. 18:51 D’ailleurs ça donne espoir aux 18:52 générations à venir. Ils ont toujours 18:54 plein plein plein de choses à découvrir 18:56 et c'est le charme de l'humanité. 18:58 Que serait le monde si on en épuiser dès 19:02 aujourd'hui tous les mystères, On en 19:04 laisse dans un coin dans un tiroir pour 19:06 les générations futures et pour nous 19:07 mêmes, pour nos défis mais, on essaie. 19:09 Alors, on n'y arrive pas mais on 19:11 essaie. Dans chaque livre on essaie de 19:14 s'attaquer la psychologie humaine 19:15 au thématique, à plein chose. Et on n'en 19:19 livre des morceaux sans doute marginaux, 19:24 mais qui finalement composeront le 19:28 le puzzle final. 19:29 Voilà! C’est un élément assez composite 19:32 et on apporte en tout petit peu sa 19:35 matière. Voilà. Mais je retiens la 19:38 question de Violaine . Elle va me servir 19:40 d'inspiration pour mes prochains travaux. 19:43 [Musique]
pt1.
0:00
[Musique]
0:06
Bonjour! Elgas, 28 ans, journaliste et
0:11
apprenti sociologue, meneur de jeu sur
0:14
le déclin, et pour ne rien arranger aussi supporters,
0:16
martyrs d'arsenal. Je les cumule les tares.
0:20
Mais, j’essaierai de répondre à
0:22
vos questions avec…avec sincérité et charité. Voila.
0:26
[Question 1: A quoi jugez-vous la justesse d’une phrase? (Mohamed)
0:35
Ah! C’est une question presque
0:36
prophétique, là. Alors, à quoi juge ton la
0:39
justesse d'une phrase? J’ai envie dire
0:42
à sa musicalité, à son rythme.
0:46
Quand on à l’oriente tout petit peu
0:49
musicale, Quand on juge juste
0:51
en le son, c'est quelque chose qui tombe
0:55
juste dans les bonnes tonalités est dans
0:58
les bons angles. Et je pense qu'à
1:00
la littérature n'est pas
1:01
tellement différent de ce modèle
1:03
là, et de c’état d'esprit. Une belle
1:06
phrase c'est une phrase pas forcément
1:09
percutante, pas forcément, je compte,
1:12
naturellement. C’est une phrase,
1:14
naturellement en français, assez bien
1:16
construit qui soit agréable à l'oreille
1:17
et qui soit harmonieuse. L’harmonie est
1:21
le maître mot. c'est que tout soit bien
1:24
agencé, que ce soit agréable et que le
1:29
lecteur qui tombe dessus soit un tout
1:33
petit peu conquis tenu par le col et un
1:36
tube qui entraîner pour aller dans
1:38
en profondeur dans le livre. Je pense que
1:41
c'est…
1:41
c'est tout à fait essentiel.
1:44
Moi, par exemple, quand j'écris, j'écris à l’instant.
1:45
À l'instant c'est à dire,
1:49
Je n’ai pas de rituel attitré, comme
1:52
beaucoup d'écrivains qui se réveille à
1:54
telle heure qui écrivent avec
1:55
potentiellement des amulettes et des habitudes.
1:57
Je pense que je suis dans mon
1:59
canapé
2:00
Il ya quelque chose qui me vient.
2:02
Il y a l’entaille! [There’s the rip!]
2:03
C’est à dire l'ouverture.
2:06
Et je fonce dedans.
2:06
Voilà! C’est pourquoi l'allégorie musicale
2:09
me paraît si particulièrement
2:12
juste
2:13
est particulièrement opportun à invoquer
2:16
pour parler de ça. « La phrase juste, » c'est,
2:19
c’est ça, c'est surtout le début de phrase
2:20
quand Céline commence, « Voyage au bout de la nuit »,
2:25
il me semble, par « L’amour
2:27
c'est infini jeté à la porte
2:30
des caniches ». Je veux dire, c’est à la fois
2:32
d’un cynisme, mais d'une jovialité,
2:35
d'une beauté ça touche le nerf du lecteur.
2:39
Et forcément les émotions sont
2:41
immédiates et donc c'est ça on peut
2:43
trouver des phrases à l'infini dans le
2:46
roman classique on commence très très
2:48
souvent par les descriptions. L’éruption,
2:50
elle est un peu différé. On commence
2:52
par présenter les choses
2:54
C’est tout à fait ça. Alors, on a
2:57
Proust.
2:57
La phrase qui ondoie, la phrase qui
3:01
respire, le stylisme. Moi j'aime beaucoup
3:03
Pierre Desproges, qui est un humoriste
3:04
qui exagère d'ailleurs avec ce côté où
3:07
les gros mots vient taquiner les petits
3:09
mots pour avoir cet effet à la fois de
3:12
sonorités mais aussi de classicisme.
3:15
Voilà, et c'est un spectre très large.
3:17
On peut trouver de très très belles
3:18
phrases à l’Europe, par exemple.
3:20
On peut trouver de belles phrases en littérature
3:22
dans le journalisme.
3:23
Voilà. Il n'y a pas forcément de recettes
3:26
ou d'ingrédients qui soit parfait pour
3:29
parler la phrase juste mais je pense que
3:31
c'est à la libre appréciation du lecteur
3:34
de ce que ça suscite. Donc, la question
3:37
est très très vaste, très difficile pour
3:41
un auteur parce qu'il faut une version
3:43
tout petit peu
3:45
du cians. Mais, je dirais ça, l'harmonie.
3:49
On restera sur ce mot pour terminer.
3:50
L’harmonie.
3:52
Question 2: Quel est le point commun de vos écrits et de vos lectures? (Dinga)
3:58
Qui! [ Yes! ]
4:02
On est lecteur! On est lecteur avant d'être-j’aime pas beaucoup le mot
4:05
« écrivain » parce qu'il me terrifie.
4:08
Je commence modestement à une toute petite carrière.
4:10
Je ne sais pas de quoi elle sera faite.
4:12
Donc, le terme
4:14
‘écrivain’ me terrifie, même si, par la force des choses,
4:16
il paraît que j'en suis un.
4:18
Mais, on n'est pas écrivain sans être un lecteur.
4:21
Les lectures font l'écriture, en de manière générale.
4:26
On consomme beaucoup.
4:28
Après, on essaie de transmettre à son tour.
4:31
Il y a quelque chose assez simple.
4:34
Si on écrit sans beaucoup lire, il y a un risque
4:37
assez immédiat, ça s'appelle le
4:38
pédantisme. Alors, le pédantisme c'est
4:40
flotter dans la grandeur des mots sans
4:43
avoir la légitimité et l’épaisseur pour les
4:46
couvrir entièrement.
4:49
Donc, lire, fondamentalement, c’est écrire.
4:52
Moi, je suis je suis je suis issu d'une famille
4:54
de lettrés. Ma mère, le matin, en finissant
4:58
sa prière musulmane a déclamé « Ya-Sin »
5:01
ait embaumé la maison de cette
5:03
bienveillance coranique et spirituelle
5:05
et le soir, elle nous déclarait « Le Cid » de
5:09
Corneille.
5:09
Voilà, j'ai grandi dans ça. Mon père
5:11
écrivait beaucoup des discours. Il corrigé
5:14
des manuscrits.
5:15
II avait une appétence pour la
5:17
littérature qui était extraordinaire.
5:19
Donc, l’inclination naturelle pour la lecture,
5:21
elle est d'abord familiale. Et ensuite,
5:23
épisode assez fondateur, assez marquant,
5:27
j'arrive en France. J’ai 17 ans. J’échoue
5:30
dans une…
5:31
dans une chambre-de-bonne à Nice,
5:34
où la solitude, le froid, le dépaysement-
5:37
toute chose inhérentes, finalement, à l'exil-
5:39
viennent me frapper dans une prostration
5:42
totale. Donc, la lecture devient un tout
5:45
petit peu un refuge. Et je commence à lire,
5:47
mais, de manière acharnée,
5:49
comme…dans une quête de réalisation par
5:53
une autre voie que par ses voies
5:55
insondable de l'immigration. Et je tombe
5:57
dans Balzac. Je tombe dans Régis Debray. Je
6:00
tombe dans Desproges. Je tombe dans Césaire.
6:02
Je tombe dans Senghor. Je tombe dans Tolstoy.
6:05
Je faisant citer encore beaucoup.
6:07
Et voilà! Et là, je vois l'humanité
6:11
disséquée dans toutes ses formes.
6:13
Alors, le style, le côté percutant de la
6:16
pensée, les descriptions, leur finesse,
6:18
l'affinement de la phrase-dont on
6:20
parlait l’instants précédant. Tout ça
6:23
me transporte et finalement ça devient
6:26
mes compagnie il ya plus bienveillante
6:28
et les plus chaleureuses. Et j'ai
6:29
commencé comme ça moi aussi à écrire,
6:31
ouvrir une toute petite fenêtre dans le
6:34
monde pour communiquer son histoire dans
6:36
la grande histoire.
6:37
Ça commence par une petite page de
6:39
blogue à contient, naturellement. Et après, un
6:42
aboutissement heureux avec le livre que
6:45
je viens de faire, « Un Dieu et des Moeurs »,
6:46
chez Présence Africaine.
6:48
Donc voilà! Je pense qu'il n'y a pas
6:50
d’écrivains sans lecture. C’est le risque de
6:53
l'imposture, c’est le risque de
6:54
l'illégitimité et les auteurs seraient
6:56
bien inspirés de beaucoup lire. Ça formera
6:59
deux choses essentielles.
7:00
L’humilité-on sait qu'on n'obtiendra
7:03
jamais les sommets que d'autres tutoyer,
7:07
tout simplement.
7:09
Et puis, deuxième chose-tout a été plus
7:12
ou moins dit. Nous sommes que des
7:14
récréateurs. On créé des choses qui
7:17
existent que d'autres ont dit qu'on ne
7:19
connaissent pas forcément.
7:20
C’est pourquoi la chose la plus
7:22
importante, je pense, à la littérature,
7:23
c'est de déroger un peu cadre, de ne
7:27
pas rentrer dans le moule, de sortir un
7:30
tout petit peu pour essayer de créer une
7:31
originalité. C’est la seule manière qu'on
7:33
peut avoir… d'avoir, peut-être, une
7:36
postérité-même si c'est une ambition
7:38
bien grandiose et souvent vaine.
7:40
Mais, d’avoir quelque chose à soi,
7:42
dans la grande symphonie du monde
7:44
a porter sa note.
7:45
Voilà. On sait pourquoi la lecture c'est
7:47
très très important. C’est un couple qui
7:49
cheminent ensemble
7:50
et en parallèle éternel. Il y a jamais de grands
7:53
écrivains, Il y a jamais de grands auteurs
7:56
sans grands lectures. Et c'est très très
7:59
important d'insister, à ce là-dessus, on
8:01
peut penser après avoir écrit, être
8:04
finalement au niveau des plus grands,
8:07
et là on se fourvoie mais totalement,
8:08
Il faut toujours revenir à la lecture-
8:12
sève nourricière, mais aussi plaisir,
8:15
tout bonnement. C’est tout bête en.
8:17
Lire pour le plaisir! Lire pour s'éduquer!
8:20
Lire aussi tout simplement pour se
8:23
divertir.
8:24
Lire des choses qui ne sont pas
8:25
forcément uniquement dans la littérature,
8:27
à la sense social, pour essayer de
8:29
se charpentier une vraie pensée.
8:31
Voilà! Le spectre est large. Je pourrait
8:33
continuer à en parler sans doute des
8:35
heures. Voilà! C’est un cheminement
8:39
commun. L’un ne va pas sans l'autre.
8:41
Lecture et écriture, c’est les deux pages
8:42
sur lesquelles on danse et on marche.
8:45
C’est peut-être notre condition humaine
8:47
qui revient.
Merci encore elgas de m'avoir plongé dans la lecture
pt2.
8:48
Question 3: L’écriture selon vous: Narcissisme ou mascarade (jeu de masques)? (Pierre)
8:55
Oui, alors! Monsieur connais très très bonne
8:58
question, qui, comme j'aime souvent,
9:00
désacralise un tout petit peu les littératures. Je répondrai à l’os,
9:04
mais vraiment franchement, les deux
9:07
mon capitaine-mascarade et narcissisme.
9:10
Mais, le narcissisme c'est une condition
9:11
inhérentes, malheureusement, à l'humanité.
9:13
Le problème c'est de pas de pas ne pas
9:17
n’abuser. On est à l'époque triste de
9:21
« selfie », du Soi. À la grande fenêtre de
9:25
l'histoire, malheureusement, on y participe
9:27
on essaie de pas en faire trop.
9:30
La mascarade aussi, ça fait partie de tous,
9:34
de tous ces petits sentiments qu'il y a
9:36
à la palette de l'écriture. On écrit
9:38
pour transmettre des émotions. Il y a par chance
9:40
cette phrase d’un auteur que j'aime
9:42
beaucoup, qui est mon mentor, parental.
9:45
C’est Régis Debray. Voilà. « L’écriture,
9:48
c'est transmettre des émotions et
9:51
essayer de faire penser. Voilà. Si on
9:53
touche au premier on a touché le but.
9:56
Si on touche au deuxième on a touché le graal. »
9:58
Et cantonné dans le narcissisme,
10:00
Il faut toujours un tout petit peu
10:02
donner de soi dans un texte, toujours
10:05
payer de soi même un tout petit peu.
10:07
Ça donne corps à la pensée. La littérature
10:09
ne peut pas être une création ex nihilo,
10:11
et ne peut pas [être] une création extérieur.
10:15
Sinon, on fait un jeu de langue qui peut être
10:17
particulièrement beau, particulièrement
10:19
extraordinaire, sans doute, mais, il faut
10:22
toujours ouvrir un tout petit peu de
10:24
fenêtres parce que,
10:26
la plume que l’on tient,
10:27
c'est pas juste le prolongement du bras
10:30
ou de la main. C’est le prolongement de
10:32
quelque chose qui est beaucoup plus
10:33
intime.
10:34
C’est le coeur. C’est le cerveau.
10:36
C’est l’harmonie de nos entrailles qu’on
10:39
filtre par notre pensée.
10:41
C’est ça qui est important.
10:43
C’est pourquoi la question elle est importante
10:45
parce que, mascarade, oui, on s'amuse.
10:49
La mascarade c'est une sorte d'amusement.
10:50
Alors, dans les beaux jours, on tombe sur
10:53
un public qui est disposé à rire
10:55
et là c'est absolument formidable. Et dans
10:59
les mauvais jours il ya des gens,
11:00
dont c'est par le goût, dont c'est par la
11:02
sensibilité, qui éructe. Mais, c'est une
11:04
partie du jeu, comme on dirait ma pauvre
11:07
Lucette. Faut accepter de pouvoir
11:10
chagriné, de pouvoir blessés, de pouvoir
11:12
choquer. Je pense que l'un des seul
11:16
filtre on dispose en tout petit peu l’écrivains,
11:19
c'est le filtre de l'élégance, la
11:21
classe du tact et du panache.
11:23
C’est très difficile à atteindre mais il
11:25
faut toujours essayer de tendre vers ça,
11:28
parce que ça, comment dirais-je, ça
11:32
expurge toute charge négative
11:34
et puis on s'adresse à l'intelligence
11:36
des gens, on ne s'adresse pas, forcément, à
11:38
leur sensibilité, je veux dire, bestial.
11:40
On pense que les
11:43
gens qui vont nous lire sont des gens
11:44
absolument intelligente et ce n'est pas
11:46
dans une démarche de prosélytisme.
11:49
On laisse ça à l'époque,
11:51
je veux dire, aux martyrs- il y en a assez, peut-être trop.
11:53
Voilà. On s'adresse à
11:56
l'intelligence des gens en essayant de
11:57
leur dire, « on vous confie en texte.
12:00
Il vous appartient. Vous en fait à peu près
12:01
ce que vous voulez. Voilà. Si on a suscité
12:04
quelque chose en vous, que ce soit du
12:05
dégoût, de l'admiration, dans tous les
12:07
manières de toutes les manières on aura
12:09
touché quelque part en buts. »
12:11
Donc, mascarade et narcissisme,
12:13
malheureusement, des contraintes de notre
12:15
époque inhérentes à l'humanité, ne pas en
12:17
être prisonniers mais, en faire une base
12:19
pour essayer de conquérir autre chose.
12:22
Ce sera ma réponse définitive à côté. Très
12:23
Très bonne question!
word up
pt3
12:25
Question 4: Quels auteurs considérez-vous comme vos maîtres? (Philippe)
12:30
Ah! Philippe [Ingalagois] sommes dit vaguement quelque chose.
12:34
Oui! Très bonne question!
12:36
Quelles auteurs sont mes maîtres?
12:38
Il y en a beaucoup il y en a beaucoup, Il y en a beaucoup.
12:40
Je n'ai cité d'ailleurs quelques-uns.
12:42
Alors je devais faire une hiérarchie-ce
12:46
qui se fait pas parce que ils se valent tous.
12:48
Ils m'ont procuré égale un dose
12:52
d'admiration, sève nourricière,
12:54
alimentation de la pensée,
12:58
un style un tout petit peu plus affûté.
13:01
Je leur dois certainement tout parce qu'ils ont un
13:03
tout petit peu balisé
13:04
cette vocation qui entraîne être d’écrire.
13:07
Je mettrais [?quand même?] en tête quelqu'un
13:10
d'assez improbable, qu'on ne citerai pas
13:12
forcément dans les salons littéraires et
13:14
qui pour moi est un styliste absolument
13:17
formidable. C’est Pierre Desproges.
13:19
Pierre Desproges, il est mort en 1988,
13:22
l'année de ma naissance, arraché par le
13:25
cancer, cette maladie sordide qui clôt
13:27
l'horizon de beaucoup de talent
13:28
malheureusement, et Pierre Desproges
13:32
savaient vivre, savait faire rire et
13:34
savait émouvoir par la force du style et
13:38
par sa manière de tourner en dérision
13:40
les choses. La férocité, l'acidité n’a
13:43
basculé jamais dans la grossièreté et
13:45
avait un équilibre. On parlait
13:47
d'harmonie dans la première question, de
13:49
musicalité et j'y trouvais tout ça en
13:51
fait tout ce que j'aime a été dans Desproges.
13:52
C’est à dire la belle langue,
13:54
les idées un tout petit peu original et
13:57
qui sortent un tout petit peu du moule.
13:59
Il avait ce dégagement, par exemple, des
14:03
forces qui gouvernent forcément la masse
14:05
sans aucun mépris de ma part et il
14:07
avait cette ironie fine comme un
14:10
[?déposoir?] qui absolument formidable.
14:13
Après, je vais les citer pêle-mêle. Je suis
14:15
née en littérature chez Balzac. Chez
14:18
Balzac de manière assez assez
14:20
particulière, d'ailleurs je me rends
14:21
compte que c'est pas Balzac que je
14:22
vénère, mais un de ses personnages, qui
14:24
s'appelle Jacques Collin, qui apparaît
14:26
dans trois livres, « Splendeurs et misères
14:28
des courtisanes », « le Père Goriot », et « Ilusions
14:30
perdues », plus connu sous le nom de « Vautrin ».
14:32
Alors, personnage hors des clous, on va
14:36
dire sociaux, personnage grandiose qui
14:39
s'élèvent contre les conventions de la
14:40
société et qui propose aux jeunes
14:44
aspirants à la célébrité, des marchés
14:46
sordide pour les aider à conquérir leurs rêves.
14:49
Voilà, et je suis tombé dans ça.
14:51
J’avais 17 ans. J’étais à Nice.
14:53
Et je me suis dit, ‘Ah! Ouais. Moi, je me rêve en Vautrin.’
14:56
Voilà, ce que j'ai envie de faire.
14:58
Après, j'ai trouvé le raisonnement de la colère.
15:01
J’entre moins bien porté par Césaire,
15:04
Césaire, « Le Discours sur le colonialisme »,
15:06
absolument formidable. J’ai fais un détour
15:09
chez Garcia Marquez-absolument indispensable.
15:14
La littérature sud-américaine, absolument
15:17
extraordinaire-Borges, Lyndsey Lohan[?].
15:20
Je suis prononçant de ce mal parce que
15:22
j’essaie de coller à l'accent espagnol
15:24
mais, ça ne fait pas trop. Mais voilà!
15:26
Et puis Tolstoy. Je veux dire, les grands
15:28
classiques français qu'on a choqué, on a
15:31
échappé quand on était élève parce que
15:34
c'était ardu, mais qu'on aura découvert
15:36
quand on est plus grand et qu’on
15:38
redécouvre avec bonheur, avec le choix
15:40
personnel d'aller vers eux. Et puis les
15:43
auteurs contemporains. Je suis très
15:45
heureux parce que je pense que vraiment
15:48
sur la scène littéraire africaine c'est
15:51
vraiment une voix assez singulière, c'est
15:53
Sami Tchak. Sami Tchak me procure des
15:56
joie absolument formidable. Tierno
15:58
Monénembo! Alors même Fatu Diome, sur qui
16:00
j'ai eu des mots très très durs, j'ai trouvé
16:03
aussi que son style était
16:05
particulièrement… particulièrement affûté.
16:08
Il ya cette musicalité là et a cette
16:10
dandysme au féminin que j'aime
16:12
particulièrement.
16:13
Alors, il ya un proverbe Wolof que
16:15
j'aime beaucoup c'est que, « quand on cite
16:17
des noms on en oublie sans doute
16:19
quelques un. » et ce proverbe wolof ça dit,
16:22
Voilà et donc je
16:25
m'arrêterai là. J’en ai oublié beaucoup
16:27
mais je pense avoir cité l'essentiel des
16:29
gens qui ont été mes amants, mes muses, mais
16:35
conseillées et puis mes compagnons des
16:37
insomnies terrible d'adolescents esseulé
16:40
dans l'aventuré de l'émigration.
16:42
Question 5: Pensez-vous connaître/comprendre mieux que les autres la nature humaine? (Violaine)
16:48
Alors, question très profonde de
16:52
Violaine. Très spirituelle à laquelle,
16:54
naturellement, je pose mon droit à la
16:58
modestie qu’il n'est pas feinte.
16:59
Je ne saurais pas répondre à cette
17:00
question. Je [suis] tenté de dire d'abord, ni
17:04
l'un ni l'autre connaître la nature
17:05
humaine. Quelle odieuse prétention. Quelle
17:08
odieuse prétention. L’humanité a des
17:11
millions d'années. Le mystère de
17:13
l'humanité reste toujours entiers.
17:15
Donc on n'arrive pas à le percer. En tout
17:18
cas on peut essayer, on peut essayer.
17:20
Et d'ailleurs on se gêne pas le faire et
17:22
les sciences sociales et à la
17:23
littérature et à la médecine et à les
17:24
sciences et à la religion il ya les
17:26
spiritualités, les différents ordres qui
17:29
essayaient de pénétrer la nature de
17:31
l'homme pour essayer d'en tirer le
17:33
meilleur
17:33
mais, malheureusement, quand on en tire le meilleur,
17:35
on en tire aussi le pire à quelques uns.
17:36
Connaître mieux que les autres….
17:38
encore moi! Les autres, c'est qui que?
17:41
Avec un gar. Ah! Non! Je pense que cette
17:45
question là ça peut être une très belle
17:47
question de philosophie pour les, les
17:49
étudiants de Normale Sup(érieure) ou Des Grandes
17:52
Écoles parce que c'est une
17:54
question absolument absolument à
17:57
difficile. En tout cas ,ce que j'essaie de
17:59
faire, je pense qu'on n'est pas un bon
18:00
auteur si on n'est pas un bon observateur.
18:05
Balzac disait qu'il était le nomenclateur
18:07
et le secrétaire du 19e siècle.
18:13
C’est très important dans la comédie
18:16
humaine, les psychologies humaines sont
18:18
étudiées assez finement. Chez Tolstoy on
18:20
retrouve ça. À littérature russe de manière
18:22
générale on retrouve ça.
18:24
À littérature anglo saxon on retrouve ça
18:26
chez Philip Roth, chez Stephen King. On retrouve
18:29
beaucoup de ça, essaie d'accoucher de l'homme.
18:31
Il y a Descartes, et sa [m??tique]
18:33
socratique plus tôt, et Descartes.
18:36
Et le doute, le cartésianisme
18:40
de Descartes. Mais, toutes ces choses là et
18:42
beaucoup d'autres essaient d'accoucher
18:44
l’homme de quelque chose mais je pense pas
18:48
qu'on en arrivera un jour à un résultat
18:50
formidable.
18:51
D’ailleurs ça donne espoir aux
18:52
générations à venir. Ils ont toujours
18:54
plein plein plein de choses à découvrir
18:56
et c'est le charme de l'humanité.
18:58
Que serait le monde si on en épuiser dès
19:02
aujourd'hui tous les mystères, On en
19:04
laisse dans un coin dans un tiroir pour
19:06
les générations futures et pour nous
19:07
mêmes, pour nos défis mais, on essaie.
19:09
Alors, on n'y arrive pas mais on
19:11
essaie. Dans chaque livre on essaie de
19:14
s'attaquer la psychologie humaine
19:15
au thématique, à plein chose. Et on n'en
19:19
livre des morceaux sans doute marginaux,
19:24
mais qui finalement composeront le
19:28
le puzzle final.
19:29
Voilà! C’est un élément assez composite
19:32
et on apporte en tout petit peu sa
19:35
matière. Voilà. Mais je retiens la
19:38
question de Violaine . Elle va me servir
19:40
d'inspiration pour mes prochains travaux.
19:43
[Musique]