Jean Ferrat - J'arrive où je suis étranger (de Louis Aragon) - HQ STEREO 1995
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- čas přidán 29. 08. 2024
- Jean ferrat chante "J'arrive où je suis étranger" de Louis Aragon, quand on sent venir le premier temps de la vieillesse comme un serpent qui rampe au fond de soi-même, quand on vit la sénescence comme une adolescence à l'envers, quand on sent que l'on va décliner lentement dans le regard des autres, on sait désormais que l'on entre dans une ère où l'on devient étranger à soi-même... Superbe, superbe texte d'Aragon sur la vieillesse, cette sournoise tapie derrière la pendule d'argent, qui ronronne, et qui nous attend...
Très belle voix de Jean Ferrat ❤
On reconnait en arrière-plan la maison d'Aragon et d'Elsa Triolet à Saint-Arnoult en Yvelines le moulin de Villeneuve...
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc ?
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu ?
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses ?
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
Ô mer amère, ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées ?
Combien faut-il d'années-secondes ?
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées ?
[Refrain]
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Paroles de Louis Aragon
L'histoire de mon Père c'est dur et qq fois tragique avec des années dures à supporter.
La vieillesse... une des tragédies du monde occidental moderne : le refus de contempler le visage de la mort en face, de s'y préparer psychologiquement, comme autrefois, nous conduit à nous couper des plus âgés, la vieillesse vécue comme une lèpre, "cachez ces rides que je ne saurai voir"... Une société occidentale basée sur le culte de la performance, vit une dichotomie entre la volonté de faire travailler plus longtemps les seniors et une remise en cause permanente des savoirs et des acquis, une dévalorisation de l'ancien, pourtant riche ô combien des valeurs de l'expérience...
D'accord 👏
TU NOUS MANQUES JEAN ...
Bruno, merci pour le texte. Une petite "erreur" de transcription: "c'est un peu fondre POUR le givre..."
Merci beaucoup de me l'avoir signalé, c'est corrigé. Bonne journée