Tighri Uzar : Fadhma N'summer

Sdílet
Vložit
  • čas přidán 9. 09. 2024
  • La chanson en question s'intitule "Fadhma N’soumer". Même si elle chante les charmes et le courage de cette héroïne qui avait forgé son nom au milieu du 19 ème siècle, en vérité le chant s’intitule "Malha n At Qasi".
    Dans les régions de plaine, qui étaient en contact avec des pouvoirs centralisés (dynasties Hafside, beylik de Constantine ou d’Alger), s’étaient constituées des familles qui jouaient le rôle de relais ; ce fut le cas de la famille des Aït Kaci (At Qasi) dans la vallée du Sébaou [Tamda], de celle de Ben Ali Chérif (d’origine maraboutique) dans la vallée de la Soummam, et des Aït Mokrane (At Meqqran),famille de « Djouad », dans la plaine de la Medjana.
    La conquête française [1830-1962] - car la France fut la première puissance étrangère à avoir totalement conquis la Kabylie et à l’avoir administrée (1856) - ébranlera cet édifice social dans ses fondements mêmes. Tous les niveaux ne seront pas atteints de la même manière par ce bouleversement : ce furent les niveaux de fédération les plus larges qui résistèrent le moins bien.
    L’air mélancolique de l’Acewwiq nous raconte la déchéance de cette puissance qui était les At Qasi et son désarmement en face du colonisateur français, et comment étaient chassés de leur propre terre. De l’autre côté, la chanson raconte ce que les femmes avaient vécu et ressenti lors de l’invasion, l humiliation qu’elles avaient subie durant toutes ces années.
    Malha n At Qasi était belle. Comme les femmes kabyles de l’époque, elle avait l’habitude de nouer ses tresses qui descendent telle une cascade jusqu’à la ceinture.
    Malha n At Qasi avait demandé au général Randon de les laisser vivre sur leur terre ancestrale, les respecter dans leur « Ḥurma » (dignité)…
    Dans la deuxième partie du chant, le rythme nous mène sur les pas de la guerre que Fadhma N’Soumer avait déclarée à l’occupant ; comment elle avait su réunir les forces pour faire face à l’envahisseur qui avait saccagé les terres kabyles.
    Lala Fadhma était d’une grande beauté. Elle s’épanouissait, chaque jour davantage, au fur et à mesure qu’elle grandissait. A seize ans, elle était de taille moyenne, forte, son corps était robuste, sa démarche souple. Visage ovale, teint clair, pommettes roses, une santé florissante entretenue grâce à l’air pur et vivifiant du Djurdjura au pied duquel Lala Fadhma séjournera jusqu’à son départ, avant l’éloignement, l’exil. Ses cheveux amples, couleur de blés lui tombaient derrière le dos jusqu’à la ceinture.
    Tout au long de cette chanson, les mots se forgent dans l’inconscient pour nous permettre de ressentir la peine, la souffrance et la douleur des femmes qui ont été violées et maltraitées par ceux qui se voyaient civilisés. En de mots simples, elles nous racontent le désarroi de ces âmes sensibles face à la barbarie des « étrangers ».
    Fadhma N’soumer les a accueillis par les armes à la main. Malha n At Qasi, quant à elle, les a regardés avec ses yeux larmoyants.
    Par contre les femmes kabyles, si elles avaient chanté ces chants qui ont traversé les générations, ce n’est guère un butin de guerre qu’elles voulaient déposer dans les mémoires défaillantes et oublieuses... Ces chants sont la douleur d’une patrie souillée par les machines de l’ennemi, la hantise des mères et des pères qui devaient courber l’échine et laisser tout pour sauver ces petites vies de montagnards. Enfin, si nos grands-mères chantaient ces poèmes, c’est pour nous faire rappeler la douleur que nos prédécesseurs ont vécue pour sauvegarder un héritage ancestral, la peine qui déchirait l’âme de celles et ceux qui ont été obligés à abandonner, partir et laisser leur monde séculaire entre les mains de l’Inconnu qui arborait ces/ses idées civilisatrices.
    Espérant qu’elle vous plaira.
    MARSEILLE, LE 12 JUIN 2015
    Kawawateï - Mains Libres
    27 Rue de la Loubière, 13006 Marseille
    06 63 08 02 34
    "Tighri Uzar (la voix des racines) est un groupe berbère de trois sœurs originaires de Yakouren...
    Avec des chants à capella accompagnés de percussion, bendir, derbouka ou une guitare acoustique..."

Komentáře • 47