Poésie : “Le Voyage”, Charles Baudelaire - musique par -REK-

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  • čas přidán 25. 08. 2024
  • Charlie Baudelaire c'est un réveil en musique tous les premiers dimanche du mois.
    Voix : Antoine Gaillemain
    Musique : - REK -
    Dessin : Timothée Mironneau (timothee-illus...)
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    "Le Voyage" est un poème de Baudelaire recueilli dans Les Fleurs du Mal.

Komentáře • 107

  • @caineghis1642
    @caineghis1642 Před rokem +7

    Vous nous manquez. Nous avons sincèrement besoin d’autres poésies interprétées et mises en musique à la manière de toutes celles déjà disponibles. Je les ai toutes écoutées, encore et encore. Mais il m’en faut plus. Il m’en faut encore.

  • @simonlecomte6503
    @simonlecomte6503 Před 2 lety +21

    C'était il y a quatre ans... déjà ! J'écoute encore ces poèmes, ces vidéos et je pleure encore à chaque fois que j'écoute ce poème ❤
    Merci pour avoir mis ces vers dans ma vie...
    Berçant mon infini sur le fini des vers 🍃

    • @fredbegue6303
      @fredbegue6303 Před rokem +1

      La voix la lecture est belle, la musique fait crier tellement elle fait chier

    • @anthonylecazals5278
      @anthonylecazals5278 Před rokem +2

      Le voyage c'est la vie, le rétiaire cet empêchement. Et cela se termine sur le nouveau, sans doute un poème se dressant d'avant 1850 et non pas un déclinant comme ceux rajoutés dans la partie la mort.
      Baudealaire c'est une métaphysique (un type d'énonciation) de l'émancipation. L'émancipation de l'esprit vis-à-vis de l'innommable vu, c'est-à-dire le cadavre, la dépouille. C'est pour cela que sa poésie lie toujours l'instant à l'éternité, la fleur à l'existence du mal. ce qu'on érige 'piteusement' (L'albatros) sur le pourrissement.

  • @maxmez11
    @maxmez11 Před 6 lety +152

    Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
    L'univers est égal à son vaste appétit.
    Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers :
    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
    D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
    Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
    D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.
    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
    De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
    Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
    Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !
    II
    Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
    Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
    La Curiosité nous tourmente et nous roule,
    Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.
    Singulière fortune où le but se déplace,
    Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où !
    Où l'homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
    Pour trouver le repos court toujours comme un fou !
    Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
    Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'oeil ! "
    Une voix de la hune, ardente et folle, crie .
    " Amour... gloire... bonheur ! " Enfer ! c'est un écueil !
    Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
    Est un Eldorado promis par le Destin ;
    L'Imagination qui dresse son orgie
    Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.
    Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
    Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
    Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
    Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?
    Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
    Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ;
    Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
    Partout où la chandelle illumine un taudis.
    III
    Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
    Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
    Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
    Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.
    Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
    Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
    Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
    Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.
    Dites, qu'avez-vous vu ?
    IV
    " Nous avons vu des astres
    Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
    Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
    Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
    La gloire du soleil sur la mer violette,
    La gloire des cités dans le soleil couchant,
    Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
    De plonger dans un ciel au reflet alléchant.
    Les plus riches cités, les plus grands paysages,
    Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
    De ceux que le hasard fait avec les nuages.
    Et toujours le désir nous rendait soucieux !
    - La jouissance ajoute au désir de la force.
    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
    Cependant que grossit et durcit ton écorce,
    Tes branches veulent voir le soleil de plus près !
    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
    Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin,
    Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
    Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !
    Nous avons salué des idoles à trompe ;
    Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
    Des palais ouvragés dont la féerique pompe
    Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;
    " Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
    Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
    Et des jongleurs savants que le serpent caresse. "
    V
    Et puis, et puis encore ?
    VI
    " Ô cerveaux enfantins !
    Pour ne pas oublier la chose capitale,
    Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
    Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
    Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché
    La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
    Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ;
    L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
    Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ;
    Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
    La fête qu'assaisonne et parfume le sang ;
    Le poison du pouvoir énervant le despote,
    Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;
    Plusieurs religions semblables à la nôtre,
    Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
    Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
    Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;
    L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
    Et, folle maintenant comme elle était jadis,
    Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
    " Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! "
    Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
    Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
    Et se réfugiant dans l'opium immense !
    - Tel est du globe entier l'éternel bulletin. "
    VII
    Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
    Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
    Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image
    Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !
    Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
    Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
    Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
    Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,
    Comme le Juif errant et comme les apôtres,
    A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
    Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres
    Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
    Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
    Nous pourrons espérer et crier : En avant !
    De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
    Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,
    Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
    Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
    Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
    Qui chantent : " Par ici ! vous qui voulez manger
    Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
    Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
    Venez vous enivrer de la douceur étrange
    De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? "
    A l'accent familier nous devinons le spectre ;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    " Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! "
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
    VIII
    Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
    Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
    Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
    Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !
    Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
    Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
    Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
    Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

  • @sarahlechevalier5806
    @sarahlechevalier5806 Před 4 lety +14

    Cette voix grinçante qui lit avec le cœur. Il n'y a plus beau que d'entendre cet espoir émaner de ce timbre.
    Merci pour cette lecture.

  • @denmor2572
    @denmor2572 Před 4 lety +4

    Poésie. Rêve éveillé. Sentiments précieux et merveilleux. Souvenir inoubliable de la première lecture des fleurs maléfiques. Grâce gravée en mon sein jusqu'à mon dernier souffle.

  • @Gromelman
    @Gromelman Před rokem +2

    Vous m'avez fait aimé cette poésie. J'ai beaucoup voyagé et j'y ai retrouvé, tristement, l'aigreur de la déception, derrière les paysages de cartes postales, toujours les mêmes issues, les mêmes écueils. Et la joie d'être triste.

  • @stefanobadini6065
    @stefanobadini6065 Před 4 lety +10

    MA-GNI-FI-QUE !
    (...)
    "Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers"
    (...)
    Je suis en train de connaitre ce poème par coeur à force de l'écouter, sans devoir l'apprendre, tellement qu'il est beau !
    Merci Le Mock pour tout ce que vous faites, pour ces initiatives aussi inédites qu'essentielles pour valoriser et faire connaitre "le Beau", comme dirait ce cher Baudelaire et ses amis Parnassiens.

  • @patricederambuteau6083
    @patricederambuteau6083 Před 3 lety +3

    J'ai appris ce poème sublime en l'écoutant. Il est sublime et la diction et le rythme sont parfaits. Les poèmes sont faits pour les apprendre avec le cœur.

  • @Jessy.V
    @Jessy.V Před 3 lety +17

    Quel plaisir, je l'écoute souvent, merci a vous.

  • @thomasmichat3545
    @thomasmichat3545 Před 6 lety +10

    La poésie de Baudelaire portée par la douce mélancolie de cette voix, c'est envoûtant.
    Le Mock, vous avez du talent !

  • @liotapeur
    @liotapeur Před 2 lety

    Le voyage, c'est la vie.
    On grandit curieux en découvrant le monde,
    On vit nos expérience, des moments de bonheur et d'autres plus tristes.
    Puis on s'habitue au monde, se désillusione de nos désirs de jeunesse.
    Puis arrive le jour notre mort.
    Merci Baudelaire pour avoir su expliquer aussi magnifiquement le plus beau de nos voyages, celui de la vie.

  • @Max-lp4xd
    @Max-lp4xd Před 5 lety +7

    Fantastique, qu'il est rare de trouver des poèmes récité sans théâtre ! Cela faisait des mois que je cherchais du Baudelaire ou bien d'autres pour accompagner mes livraisons à vélo. Et bien, je vous remercie ! Je travaillerai sans ennui maintenant.

  • @alexandre4929
    @alexandre4929 Před 5 lety +4

    wow ! d'une beauté ! la lecture, la musique le texte, tout est on ne peut mieux choisi

  • @thomasd.2035
    @thomasd.2035 Před 3 lety +1

    Merci de nous faire revivre Baudelaire et pour la qualité de la voix.

  • @quentinsaison835
    @quentinsaison835 Před 6 lety +11

    Je suis en train de découvrir votre chaîne... Mais... WOUAH ! C'est si exaltant, si diversifié ! Le génie d'un poète incroyable, la forme de vidéastes talentueux, la voix d'un homme passionné. A écouter cent fois par temps de déprime, et tant de fois d'humeur sublime.

  • @nadianadiatoune9265
    @nadianadiatoune9265 Před 2 lety +1

    Je n'arrête pas de l'écouter en boucle parce que je doit l'apprendre et ça m'aide merci

  • @user-xd2gn3er9g
    @user-xd2gn3er9g Před rokem +1

    Subtil et magnifiique ... Le slam de la perfection ! Un poison délicieux ... ❤

  • @eminenceverte6884
    @eminenceverte6884 Před 6 lety +3

    Mais quelle merveille!! Merci pour cette douceur dominicale.

  • @ruhtrayen
    @ruhtrayen Před 6 lety +17

    J'allais pleurer, je suis vraiment tellement admiratif de ce travail. Je sais pas quoi dire...j'ai pas de mots... Merci, simplement merci beaucoup

    • @LeMock
      @LeMock  Před 6 lety +2

      oh ! Merci beaucoup !

  • @francoisebianchi7282
    @francoisebianchi7282 Před 3 lety +3

    La lucidité tragique de Baudelaire magnifiée ici par la diction.

  • @sébastienMBretagne
    @sébastienMBretagne Před 2 lety +1

    Magnifique ,somptueux, majestueux ,épatant 👍

  • @cauzartmatrice1455
    @cauzartmatrice1455 Před 6 lety +3

    Merci ^^
    Baudelaire, là où les choses vraiment sérieuses commencent.
    Vive la poésie !

  • @johnmccarthy4331
    @johnmccarthy4331 Před 4 lety +10

    A l age de 13 j ai lus se poème a 25 ans j ai fait le tour du monde seul 11 mois .se poeme a jouer un grand rôle dans ma vie .(les vrais voyageurs parte pour partire le coeur léger )

  • @lalaland1427
    @lalaland1427 Před 6 lety +4

    J'adore cette série de poèmes lus, je les réécoute plusieurs fois ça me berce et ça fait rêver autant que réfléchir. Merci !

  • @nicolasdusseau3638
    @nicolasdusseau3638 Před 6 lety +13

    C'est formidable comme idée, n'hésitez pas à continuer :)

  • @lucasbaran-laraconterie4871

    Cette lecture est tout simplement incroyable !

  • @pouicx34
    @pouicx34 Před 4 lety +2

    c'est brillant, tout simplement.

  • @seder3595
    @seder3595 Před 6 lety +6

    Bonjour,
    Superbe poème, très bien déclamé. La musique derrière je suis mitigée. je crois que j'aurai préféré sans, ou alors plus discrète.
    merci pour votre travail.

    • @LittleFl0yd
      @LittleFl0yd Před 6 lety

      Je suis un peu d'accord, je n'ai rien contre cette musique, mais personnellement elle me distrait un peu du texte, dont j'essaie d'entendre... la musique justement.
      Trop forte peut-être ? Trop rythmée ?
      Un peu dommage car je trouve la lecture d'Antoine Gaillemain très très belle... Pas que sur cette vidéo d'ailleurs, a chaque fois.
      Très chers Le Mock, pourrait-on espérer un de ces quatre matins une version parole seule ??
      (ici ou... sur soundcloud ! Ouais ce serait bien sur soundcloud ! Alleeeez quoi...)
      PS : On aime bien se plaindre par ici, mais c'est parce qu'on vous aime tellement fort

    • @olivierbrillard8641
      @olivierbrillard8641 Před 5 lety +2

      Elle distrait un peu, mais c'est précisément cela qui berce. Cette vidéo stimule deux zones du cerveau : en même temps. Deux zones tellement merveilleuses...

    • @sylviestephanides8391
      @sylviestephanides8391 Před 5 lety +1

      La musique des mots de Baudelaire se suffit à elle même.... Cette musique m'est juste insupportable..... Répétitive et sans intérêt.... Dommage !

  • @TheNioui
    @TheNioui Před 6 lety +15

    Retour de Berlin
    Aéroport gris
    Cœur gros
    Et je trouve votre nouvelle vidéo
    Je vous aime
    Merci ❤️

    • @LeMock
      @LeMock  Před 6 lety +1

      TheNioui wow merci :) bonne journée !!

  • @lastofenglishroses
    @lastofenglishroses Před 6 lety +70

    Au début je me suis dis, la voix est gênante, mais finalement elle donne quelque chose d'original à cette vidéo, qui devient une oeuvre à nouveau.

    • @cauzartmatrice1455
      @cauzartmatrice1455 Před 6 lety +8

      La poésie est faite pour être lue.
      Alors seulement elle émerge à nouveau

    • @carlooblomov4255
      @carlooblomov4255 Před 3 lety +5

      Moi aussi. puis je me suis dit que Baudelaire devait avoir une voix comme celle-là. Un peu âpre, et pressée (qui ne fait pas sonner les alexandrins de tout leur poids classique) et impatiente. Et cela me rend le poème plus vrai

  • @julietteb5780
    @julietteb5780 Před 6 lety +8

    C'est juste beau.

  • @MstrYaser
    @MstrYaser Před rokem +2

    Le Voyage
    À Maxime du Camp
    I
    Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
    L'univers est égal à son vaste appétit.
    Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes!
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit!
    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers:
    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme;
    D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
    Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
    D'espace et de lumière et de cieux embrasés;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.
    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir; coeurs légers, semblables aux ballons,
    De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
    Et, sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons!
    Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom!
    II
    Nous imitons, horreur! la toupie et la boule
    Dans leur valse et leurs bonds; même dans nos sommeils
    La Curiosité nous tourmente et nous roule
    Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.
    Singulière fortune où le but se déplace,
    Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où!
    Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
    Pour trouver le repos court toujours comme un fou!
    Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie;
    Une voix retentit sur le pont: «Ouvre l'oeil!»
    Une voix de la hune, ardente et folle, crie:
    «Amour... gloire... bonheur!» Enfer! c'est un écueil!
    Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
    Est un Eldorado promis par le Destin;
    L'Imagination qui dresse son orgie
    Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.
    Ô le pauvre amoureux des pays chimériques!
    Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
    Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
    Dont le mirage rend le gouffre plus amer?
    Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
    Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis;
    Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
    Partout où la chandelle illumine un taudis.
    III
    Etonnants voyageurs! quelles nobles histoires
    Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers!
    Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
    Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.
    Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile!
    Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
    Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
    Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.
    Dites, qu'avez-vous vu?
    IV
    «Nous avons vu des astres
    Et des flots, nous avons vu des sables aussi;
    Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
    Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
    La gloire du soleil sur la mer violette,
    La gloire des cités dans le soleil couchant,
    Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
    De plonger dans un ciel au reflet alléchant.
    Les plus riches cités, les plus grands paysages,
    Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
    De ceux que le hasard fait avec les nuages.
    Et toujours le désir nous rendait soucieux!
    - La jouissance ajoute au désir de la force.
    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
    Cependant que grossit et durcit ton écorce,
    Tes branches veulent voir le soleil de plus près!
    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
    Que le cyprès? - Pourtant nous avons, avec soin,
    Cueilli quelques croquis pour votre album vorace
    Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin!
    Nous avons salué des idoles à trompe;
    Des trônes constellés de joyaux lumineux;
    Des palais ouvragés dont la féerique pompe
    Serait pour vos banquiers un rêve ruineux;
    Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse;
    Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
    Et des jongleurs savants que le serpent caresse.»
    V
    Et puis, et puis encore?
    VI
    «Ô cerveaux enfantins!
    Pour ne pas oublier la chose capitale,
    Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
    Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
    Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché:
    La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
    Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût;
    L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
    Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout;
    Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote;
    La fête qu'assaisonne et parfume le sang;
    Le poison du pouvoir énervant le despote,
    Et le peuple amoureux du fouet abrutissant;
    Plusieurs religions semblables à la nôtre,
    Toutes escaladant le ciel; la Sainteté,
    Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
    Dans les clous et le crin cherchant la volupté;
    L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
    Et, folle maintenant comme elle était jadis,
    Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie:
    »Ô mon semblable, mon maître, je te maudis!«
    Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
    Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
    Et se réfugiant dans l'opium immense!
    - Tel est du globe entier l'éternel bulletin.»
    VII
    Amer savoir, celui qu'on tire du voyage!
    Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
    Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image:
    Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui!
    Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste;
    Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
    Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
    Le Temps! Il est, hélas! des coureurs sans répit,
    Comme le Juif errant et comme les apôtres,
    À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
    Pour fuir ce rétiaire infâme; il en est d'autres
    Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
    Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
    Nous pourrons espérer et crier: En avant!
    De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
    Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,
    Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
    Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
    Entendez-vous ces voix charmantes et funèbres,
    Qui chantent: «Par ici vous qui voulez manger
    Le Lotus parfumé! c'est ici qu'on vendange
    Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim;
    Venez vous enivrer de la douceur étrange
    De cette après-midi qui n'a jamais de fin!»
    À l'accent familier nous devinons le spectre;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    «Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre!»
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
    VIII
    Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre!
    Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons!
    Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
    Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons!
    Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte!
    Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
    Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe?
    Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau!

  • @marcelpatoulatchi5443
    @marcelpatoulatchi5443 Před 4 lety +2

    Magnifique.

  • @salome7544
    @salome7544 Před 6 lety +5

    J'aime tellement ce que vous faites ! Vous illuminez ma playlist de musique :D

  • @matthieulejeune3869
    @matthieulejeune3869 Před 2 lety +1

    Superbe, bravo à vous !

  • @pascalpierreolivierberny1503

    Merci pour le partage.

  • @Eden-rp2th
    @Eden-rp2th Před 6 lety +14

    Cet Antoine Gaillemain a similairement la même voix que celle du corbeau dans le film Le Roi et l'Oiseau

  • @brewedmeditation2886
    @brewedmeditation2886 Před 2 lety +2

    I don't understand french but I have read it in English. From Bangladesh

  • @danslaneko3882
    @danslaneko3882 Před 6 lety +4

    Génial!! C'est si poétique..

  • @kerrestcamille6553
    @kerrestcamille6553 Před 6 lety +3

    merveilleux

  • @elmathou9668
    @elmathou9668 Před 6 lety +3

    wow, c'est si beau.

  • @lepassant478
    @lepassant478 Před 6 lety +13

    Ça rend bien

  • @nicolasc.4003
    @nicolasc.4003 Před 3 lety +4

    @Le Mock Est-ce que vous pourriez les mettre sur spotify, s'il vous plait?

  • @Laoul51
    @Laoul51 Před 6 lety +1

    Magnifique !

  • @gistar22
    @gistar22 Před 6 lety +3

    merci

  • @maestalienor
    @maestalienor Před 6 lety +4

    ❤️

  • @conilwhitetmntlove7810
    @conilwhitetmntlove7810 Před 6 lety +2

    merci pour cette video originale

  • @jodubacasable1115
    @jodubacasable1115 Před rokem

    J'ai une autre vu sur la poésie chanter c est un trésor

  • @ImTweeZy
    @ImTweeZy Před 6 lety +1

    continuez pls j'adore baudelaire

  • @nathminouche5620
    @nathminouche5620 Před 4 lety +1

    Beau!

  • @ilianamassol8284
    @ilianamassol8284 Před 3 lety

    Magnifique

  • @LOstiDVegan
    @LOstiDVegan Před 6 lety +2

    La musique m'a tannée un moment donner, ça m'a déconcentré mais c'était bien

  • @celtiauneboissonunenation1239

    Cette voix n’aurait pu être plus proche de la « gueule » de Baudelaire. Bravo.

  • @lejournaldeyoutube4839
    @lejournaldeyoutube4839 Před 6 lety +3

    super concept !

  • @tomgraal
    @tomgraal Před 6 lety +2

    J'adore votre chaîne

  • @joffreydelphis8589
    @joffreydelphis8589 Před 5 lety +1

    c'est surprenant

  • @faafiteb2333
    @faafiteb2333 Před 2 lety

    Quel poème magnifique

  • @rebekalitz8343
    @rebekalitz8343 Před 6 lety

    Sublime, merci :)

  • @peterstill3760
    @peterstill3760 Před 4 lety +3

    Gaillemain a su trouver exactement la voix de Baudelaire. Brilliant. La musique est trop forte par contre.

  • @leopoldvirieux8961
    @leopoldvirieux8961 Před 6 lety +3

    "Si le ciel et la mer"

  • @anasmcl
    @anasmcl Před 2 lety

    "Si le ciel et la mer* sont noirs comme de l’encre" :-)

  • @Opportuniist
    @Opportuniist Před 5 lety

    Je découvre votre chaînes et ces vidéos bien (trop) tard... Excellent travail.
    Cependant, il me semble qu'il y a une faute dans le texte à la 8ème partie. Dans mon recueil j'ai bien "si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre" et non "si le ciel et la terre"....

  • @cassydi8624
    @cassydi8624 Před 2 lety

    Vous pourrez expliquer le poème svp ? Nous arrivons à le lire tt seule

  • @lynaennabli3681
    @lynaennabli3681 Před 3 lety +1

    2:53

  • @maelbiard6651
    @maelbiard6651 Před 4 lety +2

    L'instru svp

  • @romainlamy4982
    @romainlamy4982 Před 6 lety +2

    salut les gars pourriez vous mettre en ligne juste les voix sans les musiques en fonds je les trouve trop présentes merci j'ai quelques idées concernant ce que vous faites avec les poèmes Sinon j'adore et je vous remercie de ce que vous faites

  • @giuliabonezzi2388
    @giuliabonezzi2388 Před 6 lety +1

    Quel accent est-il??

  • @atticusinabluefunk6100

    Ma seul certitude: je veux voyager

  • @mariongonzalez4610
    @mariongonzalez4610 Před 3 lety

    Entre la musique et la voix y’a une vibe un peu « le fabuleux destin d’Amelie Poulain »

  • @hachification
    @hachification Před 6 lety +1

    PROJET XVII ou ça y ressemble fortement

  • @elpar196
    @elpar196 Před 5 lety

    pour la musique du poème c'est trieste de josh lippi et The overtimers

    • @LeMock
      @LeMock  Před 5 lety

      Bonjour,
      Non, la musique c’est un inédit de REK composé pour le morceau ;)

    • @elpar196
      @elpar196 Před 5 lety +1

      @@LeMock mechant shazam alors. Et on peut pas y avoir accès?

    • @LeMock
      @LeMock  Před 5 lety

      Sans le texte, non mais avec le texte il est sur notre soundcloud :)

  • @michelvispress-lay2510

    Il y a Baudelaire... et les autres.

  • @asphoredreamer6617
    @asphoredreamer6617 Před 6 lety

    magnifique video j'adore votre travail.
    J'aimerais vous demander quelque chose qui risque de vous importunés: pouriez vous faire une annalyse des faux monayeurs de André Gyde. cela aiderait les futurs bacheliers.

    • @LeMock
      @LeMock  Před 6 lety +1

      Asphore Dreamer merci beaucoup :) ça nous importune pas du tout, mais on a déjà beaucoup de projets sur le feu et on privilégie les bouquins qu'on aime beaucoup et c'est vrai que c'est pas notre livre favoris. Mais pourquoi pas un gros topo au moment du bac

    • @asphoredreamer6617
      @asphoredreamer6617 Před 6 lety

      Le Mock Je vous comprends parfaitement et je vous souhaite bien du courage pour tout vos projets.

  • @leoniequemener8670
    @leoniequemener8670 Před 4 lety

    Je rêve que vous fassiez le "Bateau ivre" de Rimbaud !!!

    • @dimancheadixheures9261
      @dimancheadixheures9261 Před 4 lety

      Léonie Q. On aimerait vraiment le faire mais il y a d’autres choses qui passent avant !

  • @Corrokia
    @Corrokia Před rokem

    écart involontaire🤫 'Si le ciel et la [terre] sont noirs comme de l'encre'😶‍🌫

  • @flora4611
    @flora4611 Před 3 lety

    Ma.gni.fique
    A jamais merci

  • @roserouge2480
    @roserouge2480 Před 2 lety

    On dirait la voix de Manu Katché…. 🤔

  • @novawayzen783
    @novawayzen783 Před 6 lety

    Monsieur c moi christopher Pauselli

    • @LeMock
      @LeMock  Před 6 lety

      Nova WayZen bonjour Christopher,
      Bon courage pour cette année ! J'espère que tu travailles toujours bien en français ! :)

  • @carlooblomov4255
    @carlooblomov4255 Před 3 lety

    Au début, la voix est gênante: c'est de la poésie française! cela doit couler comme coulent de beaux alexandrins: un rythme familier et un peu monotone mais belle garantie de plaisirs scolaires. Et puis, cette voix un peu âpre, d' un homme pressé. on sent que les images arrivent plus vite qu'il ne peut les dire. Il n'a pas le temps de les modeler pour en faire un ornement de salon. Comme Baudelaire (qui teignait ses cheveux en bleu) il n'a rien à foutre de la compoction et du beau style. Il crache. Un ciel liquide qui parsème d'étoiles mon coeur!

  • @51champagne51
    @51champagne51 Před 6 lety

    J'aime pas la voix, je préfère celle de Fabrice Lucchini

  • @Archangina
    @Archangina Před měsícem +1

    Bipo

  • @nathminouche5620
    @nathminouche5620 Před 4 lety +1

  • @lejusdorange9737
    @lejusdorange9737 Před 3 lety

    2:53