Je dédie cet extrait à mon âme sœur. Ma Léa.
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Ce livre, c’est l’histoire d’une fille qui n’écrit pas son premier roman, pour toujours.
Ce livre, c’est Un roman.
Le roman qu’elle écrit, sans même savoir qu’elle l’écrit.
La fille s’appelle Manon. Elle est persuadée d’être un personnage de fiction. Elle veut inventer sa vie. Mais tout ce qui l’atteint, l’atteint. Et tout ce qui la touche, la touche. Sa mère dit : la vie est belle, les oiseaux chantent. Elle dit aussi : quand on veut, on peut. Manon, elle veut, tout, sans demi-mesures.
Elle aime tellement la vie. C’est la vie qui ne l’aime pas.
Dans Un Roman, elle se met à table. Elle raconte tout. Même l’indigeste.
Un Roman se décline en cinq parties. Ce livre est un interminable repas de fête. Amuse-gueule, entrée, plat de résistance, trou normand, dessert. Ce livre est un long processus de digestion. Une mise à distance. Une blague. Une décennie décisive. Quelque chose de très sérieux. Dont il faut rire. Qu’il faut exorciser.
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Je suis élimée jusqu’à l’os, celui du cœur, terminée, achevée, je m’éteins.
Noir.
Rideau.
Je disparais.
Ça y est.
C’est arrivé.
Je disparais.
Pour de bon.
Je
Ne
Ressens
Plus
Rien.
Rien.
La nuit. Eveillée, comme morte. Le matin, aspirée. Je. Dois. Réfléchir. Avant de respirer. Trouver. Comment. Réfléchir. Pour trouver, comment respirer. Le lieu. Le temps. Se fondent. En une masse lourde. Je n’ai plus de contours. Je chausse puis déchausse un sentiment de culpabilité dont je ne connais pas la pointure. Puis ça passe. Aspirée. La larme sèche et l'esprit cave. Je, carcérale. On me parle. Je n’entends rien. Du coton dans la bouche. Par-là que l’on erre où que l’on entre ? Je n’entends plus la mer. Où sont les issues de secours. Je m’en fous. Je ne sais même pas que je m’en fous. Je m’en fous de m’en foutre. Les fantômes ne font pas l'amour. Je me repose dans l’arrêt de tout. Elle me prend dans ses bras. Elle me berce comme un nouveau-né. Elle me donne à manger. Je mange ? Je ne crois pas. Elle me sort. Dans la rumeur, mes jambes avancent seules. Ici, j’habite la fatigue. Je sens seulement l'épaisseur du silence. Je ne peux plus rien pour moi. Figée les yeux grands ouvert. Paupières écartelées sur le monde flou de l'autre côté. Je vois la vie qui n’attend pas. Je pense à crier. Je ne crie pas.
Je sonne mate de l'intérieur. Elle me berce. Elle me nourrit. Elle me sort. Elle me demande de respirer, fort, pour fondre la glace. Ma banquise. Son souffle chaud, à elle. Son grand souffle salvateur. Sur les murs de ma prison froide. Bientôt à force de son souffle ami. Son souffle inarrêtable. Le bâtiment s’effrite. Se liquéfie péniblement. Flaque d'eau dans laquelle je patauge. Ne me lâche pas. Elle me tient par la main dans le fiord incommensurable. Dans la mare au loup. Dans la flaque. Tout va bien, je sais nager.
Je sais nager ?
Je sais nager.
Je vais nager jusqu'au bout de ma vie.
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Manon, fille de l'eau, leadeuse artistique multifonction octopus poétesse autrice compositrice violoncelliste chanteuse tête chercheuse sirène de pédiluve.